Fin de parcours pour le Hirak?

dzairtube

 

La reprise depuis le 16 février dernier des manifestations de rue, n’est-elle, en définitive, pour ce qui est appelé le Hirak, qu’un chant de signe? Nombre d’indices le laissent supposer. Qui vont de la participation largement en-deçà de ce qui était attendu – et ce, quoi qu’en disent certains médias qui versent, dans tout ce qui touche au Hirak, dans la propagande la plus crasse au point d’oublier ce qui est censé faire leur essence; à savoir, l’information objective – aux lézardes, chaque jour plus patentes, que connaît ce mouvement hétéroclite. Des lézardes qui prennent les contours de l’alliance contre-nature, constatée sur le terrain depuis, il faut le préciser, la brusque apparition de ce dernier, en février 2019, entre le courant islamiste – incarné par les résidus de l’ex-FIS et l’organisation terroriste Rachad, dirigée, depuis Londres, par l’innommable Larbi Zitout – et celui, prétendument démocratique, que représente le PAD (Partis de l’alternative démocratique), un groupement de formations politiques, dont l’ancrage dans la société est des plus modestes, pour ne pas dire inexistant, et de personnalités nationales relevant – pour certaines (formations et personnalités), depuis peu – de l’opposition radicale au pouvoir en place. A ce dernier courant, il y a lieu d’ajouter le tristement célèbre MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie) que dirige le tout aussi innommable Ferhat Mehenni. C’est, d’ailleurs, entre les organisations que dirigent les “deux innommables” précités que le clash risque, selon nombre de sources concordantes, de par leur nature même d’organisations illégales œuvrant ouvertement à porter atteinte à la stabilité du pays, de prendre une tournure dangereuse. Une perspective qui n’est nullement une vue de l’esprit. Lors de sa dernière rencontre avec des représentants de la  presse nationale, le Président Tebboune a, en effet, révélé que les services de sécurité avaient arrêté, lors des dernières marches, des participants sur lesquels des couteaux de boucher avaient été trouvés. 

Les divergences montent à la surface… 

Moins dangereux, assurément, pour la stabilité du pays que ceux révélés par le président de la République, certains faits survenus le 16 février dernier, à Kherrata, n’en renseignent pas moins sur l’irrémédiable effritement que connaît le Hirak. Les plus patents ont été le renvoi, de la marche qui a été organisée ce jour-là, de Samir Belarbi, un islamiste avéré et un hirakiste de la première heure, et les prises de bec – et c’est peu dire – enregistrées, lors du même événement, entre des marcheurs proches de Rachad et d’autres, du MAK; les premiers ayant tenté d’empêcher les seconds d’arborer l’emblème de leur organisation séparatiste. Mais c’est dans la raison à l’origine du renvoi de la marche de Kherrata de Samir Belarbi et dans les déclarations qu’il a faites au soir de celle qui s’est tenue à Alger le 22 février dernier, que se trouvent, pour nombre d’observateurs, les indices les plus probants du début de la fin du Hirak. Prenant le contrepied de la tendance générale qui semblait imprégner la démarche de ce dernier, à savoir, la poursuite des marches jusqu’à la “chute du système”, Samir Belarbi avait, la veille de la marche du 16 février, appelé à sortir de celle-ci pour aller à autre chose de plus constructif. Ce qui, à l’évidence, n’a pas été apprécié par ses “compagnons” du Hirak. Dans les déclarations susmentionnées faites au soir de la marche du 22 février, il a expliqué les raisons de son appel à passer à autre chose de plus constructif que les marches: “Des mercenaires tapis à Londres et à Paris veulent utiliser les manifestations de rue pour déstabiliser le pays”, a-t-il, en effet, déclaré. 

Le Hirak instrumentalisé par des parties étrangères…

Le dévoilement de l’instrumentalisation du Hirak par des parties étrangères ou “locales”, qui leur sont inféodées, à des fins de déstabilisation du pays, et la montée à la surface des divergences qui le minent, qui en a découlé, expliquent et la désaffection à son égard, de plus en plus patente, d’un nombre sans cesse croissant d’Algériens, de tous les milieux sociaux, et l’éloignement constaté de certaines personnalités politiques qui en étaient très proches. C’est le cas du président de Jil Jalil, qui a commencé à s’en éloigner, bien avant la reprise, dans le courant du mois de février, des dernières manifestations de  rue. Dans une rencontre avec la presse qui a eue lieu ce mercredi, 3 mars, Sofiane Djilali a expressément mis en garde contre “les dérives” constatées depuis la reprise des manifestations de rue, que constitue, selon lui, l’apparition de “certains slogans provenant de l’étranger et qui ont pour objectif de déstabiliser le pays”. Et également de la secrétaire générale du Parti des Travailleurs. Dans une  conférence de presse qu’elle a animée le même jour, Louisa Hanoune a, en effet, déclaré, rejoignant, ce faisant, l’appel de Samir Belarbi “à aller à autre chose de plus constructif que les marches”, qu’il était “temps d’ouvrir réellement la discussion (sur la structuration du Hirak)” car “le processus révolutionnaire (qu’il constitue) ne peut pas continuer indéfiniment à travers des marches”. Comme pour mieux souligner les divergences de fond que son parti a avec nombre d’acteurs du Hirak, elle n’a pas manqué de préciser que la priorité pour le PT, “depuis l’apparition de la pandémie, surtout” ce sont “les questions sociales et économiques” et celles liées “aux droits de l’Homme”. Dans la foulée, elle a fustigé, sur un ton quelque peu sibyllin, “le courant obscurantiste qui est très actif ces derniers temps et qui dispose d’énormes fonds et des moyens qui lui permettent d’influencer la scène politique en Algérie”. Quand on sait que les affidés de l’ex-FIS sont très présents dans le Hirak et quand on connaît les énormes soutiens financiers dont bénéficie le mouvement Rachad de l’innommable Zitout, le côté sibyllin du constat fait par la secrétaire générale du PT tombe de lui-même. Tous ces faits, ainsi que l’annonce, faite par Sofiane Djilali lors de sa rencontre avec la presse précitée, de la participation de son parti aux prochaines Législatives, constituent des indices probants que le Hirak est en fin de parcours.

Mourad Bendris 

 

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