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Décantation en cours?

Décantation en cours?

Depuis le retour du Président Tebboune de son séjour médical en Allemagne, la scène politique nationale s’est sensiblement animée. A l’évidence, dans deux directions opposées.  Aux mesures de dissolution de l’APN et, partant, d’annonce de la tenue d’élections législatives anticipées qui ont suivi les rencontres qu’a eues le président de la République avec un certain nombre de responsables de partis politiques – dont deux ténors de l’opposition démocratique au pouvoir que sont le FFS et le HMS – a répondu, en effet, la reprise des manifestations de rue menées par la frange radicale de ladite opposition qui défend l’idée – pas du tout innocente – selon laquelle le Hirak a commencé le 16 février 2019, et non pas le 22, à partir de Kherrata, dans la wilaya de Bejaïa. Tout indique, en effet, que ces deux axes constitueront les deux vecteurs de l’action politique dans les jours et mois à venir. Pour reprendre les propos que Nasser Hamdadouche a tenus dans la soirée  du vendredi 26 février, lors de son passage à l’émission Week-end Story d’Echourouk News, “deux courants s’affrontent actuellement en Algérie: celui qui défend le changement par la voie des urnes et celui des partisans de l’ouverture d’une période de transition” pour atteindre le même objectif; mais en plus radical. Il ne faut pas être grand clerc en politique pour comprendre que les partisans du premier sont ceux qui adhèrent à la démarche de sortie de crise prônée et lancée par le Président Tebboune, et ceux du second, ceux qui ont participé aux marches du Hirak de ces derniers jours. Cette première notable décantation enregistrée sur la scène politique nationale depuis l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 vaut également par l’évolution remarquée dans la position de certaines formations politiques à l’égard de la démarche du président de la République. Après celle, enregistrée depuis quelques mois déjà, de Sofiane Djilali et de son parti, Jil Jadid, deux autres évolutions, allant dans le même sens, ont été, en effet, notées. Qui, il faut le dire, ne sont pas passées inaperçues. Connus pour leur opposition au pouvoir en place, le FFS, depuis toujours, et le HMS, depuis que Abderrezak Makri en a pris les rênes, en 2013, ont, semble-t-il, décidé d’accorder au Président Tebboune “le bénéfice du doute” quant au sérieux de ses intentions. Avec toutefois plus de circonspection pour le plus vieux parti de l’opposition qui, pour le moment, s’est contenté de répondre favorablement à l’invitation du Président Tebboune  et d’apprécier positivement sa décision d’élargir les “détenus du hirak”.  Ce qui n’est pas le cas du président du HMS qui a clairement insinué, dans des déclarations faites aujourd’hui à l’occasion du deuxième anniversaire du Hirak, que son parti prendra part aux prochaines Législatives: “Lorsque le Président nous a promis des élections transparentes, j’ai le droit de le croire…jusqu’à preuve du contraire”, a-t-il, en effet, déclaré. S’il ne fait aucun doute que l’évolution constatée dans les positions des deux ténors de l’opposition à l’égard de la démarche de sortie de crise et de changement graduel du système initiée par le président de la République, sera positivement appréciée par le pouvoir en place, il est, en revanche, quasiment certain que cette évolution sera fortement décriée par l’opposition radicale qui est, aujourd’hui, toute occupée à se réjouir de la reprise des manifestations de rue et des slogans, rejetant totalement ladite démarche et déniant toute légitimité à celui qui les a initiées, qui y ont été scandés.

Mourad Bendris