“Il n’est pas question d’envoyer les enfants du peuple pour se sacrifier pour autrui”. C’est concis, c’est clair et ça ferme la porte à toute interprétation tendancieuse. Et, surtout, ça recadre de la meilleure manière qui soit le président français, Emmanuel Macron, qui s’était permis, dans une conférence de presse tenue, par visioconférence, en marge du dernier Sommet du G5 Sahel que la capitale du Tchad, N’Djamena, a abrité les 15 et 16 février 2021, d’annoncer un prétendu “réengagement”, dans le cadre de cette organisation créée à l’initiative de la France, de l’Algérie dans la lutte contre les groupes terroristes activant dans le Sahel. Un recadrage, qui fait suite à celui dont le président français a déjà fait l’objet, dans un communiqué publié le 21 février dernier, de la part du ministère de la Défense nationale (MDN), que le Président Tebboune, qui s’exprimait lors de la rencontre qu’il a eu hier, lundi 1er mars, avec des représentants de la presse nationale, a voulu, à l’évidence, comme l’expression de son ferme rejet de la perfide insinuation contenue dans les propos du président Macron selon laquelle l’Algérie s’était déjà engagée, par le passé, dans cette lutte. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, le Président Tebboune en a profité pour clarifier les soubassements de la politique de l’Algérie à l’égard de l’Afrique. Et, dans le même temps, de les confronter à ceux qui fondent la politique de la France en direction de notre Continent. En déclarant de la manière la plus claire qui soit que “la doctrine de l’Algérie repose sur un travail pour asseoir la démocratie et aider à l’édification des Etats”, le président de la République a clairement suggéré que tel n’est pas le cas de la France. Une suggestion qu’il a, au demeurant, judicieusement renforcée en ajoutant que notre pays, qui est “une puissance régionale reconnue et un partenaire incontournable dans la résolution des crises en Libye, au Mali et ailleurs”, n’a jamais “usé de son influence en Afrique” pour obtenir des dividendes sur les plan politique et économique. Sauf que le Président Tebboune ne s’est pas contenté de recadrer son homologue français; il l’a également sommé de ne plus oublier “la forte influence de l’Algérie en Afrique”. Une manière qui se veut un avertissement à la France officielle que dorénavant toute entreprise visant à nuire à l’Algérie aura des retombées, pas du tout positives, sur les intérêts de celle-ci sur le Continent.
Mourad Bendris