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Les dérives du hirak se confirment

Les dérives du hirak se confirment

 

Tout observateur impartial des “affaires” du hirak a dû faire trois constat des marches du  vendredi 26 mars. Des constats qui confirment, tout à la fois, la dérive de celui-ci et son affaiblissement continu. Et ce, quoi qu’en disent certaines parties aux objectifs malsains. En clair, qui n’ont d’autre objectif que de porter atteinte à la stabilité et à l’unité de l’Algérie, et à la cohésion de son peuple. Concernant le dernier point, il faut vraiment être malhonnête pour affirmer que le nombre de participants aux marches de ce vendredi a été plus élevé que celui enregistré lors du vendredi précédent. Référence incontournable en la matière, Alger a confirmé, on ne peut mieux, cet affaiblissement. Tous les marcheurs, ceux venus des places du 1er mai et des Martyrs, qui constituent le gros des contingents des participants, y compris, ne tenaient, en effet que dans l’espace compris entre l’esplanade jouxtant l’édifice de la Grande Poste et le tronçon de la rue Didouche Mourad qui, partant, d’un peu plus bas que la salle (de cinéma) l’Algeria et passant par la place Maurice Audin, y aboutit. Et encore, avec beaucoup de “trous” dans les rangs des manifestants. Un fait qui normalement aurait dû pousser à la retenue tous ceux qui, travestissant la réalité, font accroire à une montée en puissance du hirak. Mais ne dit-on pas qu’il n’y pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. 

Etrange occultation…

Et, à l’évidence, ils sont nombreux dans la presse et sur les réseaux sociaux ceux auxquels s’applique ce dicton. Surtout que non contents d’exagérer, contre l’évidence même, la participation au hirak, ils sont allés jusqu’à commettre un autre impair. Fort grave, il faut le dire. Ils ont, en effet, totalement occulté, dans leurs écrits sur les marches, les graves slogans scandés contre l’institution militaire et les services de renseignement à qui certaines parties malintentionnées tentent d’imputer l’entière et unique responsabilité dans les tragiques événements de la décennie noire du terrorisme. Pour se concentrer sur ceux (des slogans) devenus habituels tant ils sont anciens, qui se veulent rassembleurs – tels, entre autres, “Djazaïr hourra dimocratia” (Algérie libre et démocratique), “doula madania machi askaria” (Etat civil et non militaire) et “yetnahaw gaâ” (Qu’ils partent tous) – mais qui renseignent sur le courant  – celui se disant démaocratique – duquel ils sont proches. Ce faisant, cette presse et ces “permanents des réseaux sociaux” taisent (intentionnellement?) un fait des plus importants enregistré ce vendredi. Ils ne pouvaient pas, en effet, ne pas avoir vu les banderoles et pancartes brandies par des manifestants, islamistes et “démocrates”, louant l’alliance entre l’organisation Rachad, que dirigent depuis l’étranger les innommables Larbi Zitout et Mourad Dhina, et des partis de la mouvance dite démocratique parmi lesquels étaient nommément cités le RCD et le MDS. Comme ils n’ont pas pu ne pas voir une étrange pancarte brandie par un homme d’âge mûr, à l’allure intellectuelle, posté rue Didouche Mourad, à hauteur de l’entrée principale de l’université, qui défiait les “autres” d’apporter “la preuve que Rachad était une organisation terroriste”. 

Une démarche réfléchie?

Sont-ce des comportements isolés ou, au contraire, s’agit-il d’une démarche réfléchie et programmée dont l’objectif est de réaffirmer “l’unité du hirak” et, dans le même temps, pourfendre le pouvoir qui, soutient-on, veut porter atteinte à cette unité en jouant sur les clivages idéologiques existant en son sein (celui du hirak)? Certains slogans scandés et une pancarte exhibée par un autre marcheur font pencher la balance du côté du deuxième terme de l’interrogation. Parmi les plus expressifs des premiers, le récurrent: “les Algériens khawa-khawa, les généraux el khawana”. Sur la seconde, était nettement écrit: “Nous divergeons idéologiquement, nous divergeons politiquement mais nous nous accordons sur la chute du régime”. Ce qui est tout un programme. Sauf que ce “programme” apparaît, de plus en plus, être d’inspiration islamiste. Deux constats l’attestent: la présence, à chaque “sortie” du hirak, plus visible et, surtout, plus prépondérante, d’islamistes, en est le premier. Et l’entreprise, de plus en plus évidente, de nier la responsabilité du courant islamiste dans le déclenchement des violences et la perpétration d’indicibles massacres contre le peuple algérien, qui ont endeuillé le pays durant la décennie noir du terrorisme et, dans le même temps, d’en accuser l’armée et les services de sécurité, en est le second. Sommes-nous en face d’une réédition du scénario du début de la décennie 90 où l’intransigeance du courant islamiste, qu’incarnait alors le FIS aujourd’hui dissout, a mené le pays au pire? Tout porte à le croire. Sauf que cette fois-ci la donne n’est pas tout à fait la même: dans “le camp des intransigeants”, le courant islamique – incarné aujourd’hui par Rachad – n’est plus seul: il a à ses côtés des “démocrates” ; ou se disant tels. Étrange retournement de situation. Qui mérite d’être élucidé. Et le plus tôt sera le mieux… 

Mourad Bendris