La crise du Coronavirus est loin d’être terminée. Même si le bilan des contaminations a légèrement baissé ces deux derniers jours en Algérie, le chiffre quotidien reste à craindre puisqu’il dépasse le cap des 500 cas.
La situation semble critique voire même alarmante, car selon des spécialistes les signes d’une « deuxième vague » apparaissent déjà. Cependant, la pertinence de l’expression « deuxième vague » pour définir la recrudescence des infections peut mener à poser la problématique suivante : sommes- nous vraiment face à « une deuxième vague » de Coronavirus en Algérie ?
Interrogé par Dzair-Tube, le Pr Kamel Sanhadji, président de l’Agence nationale de sécurité sanitaire trouve que le terme « deuxième vague » n’est pas adapté pour définir la situation.
« Fondamentalement lorsqu’on dit deuxième vague, c’est-à-dire qu’on n’a plus affaire au même virus, autrement dit le virus n’est plus identique », a précisé le Pr Kamel Sanhadji en poursuivant, « c’est à ce moment qu’on raisonne par rapport à la réponse immunitaire, c’est-à-dire que lorsque le corps humain est touché par le virus, il réagit contre en produisant des anticorps, mais s’il est atteint encore une fois du même virus, il n’a pas besoin d’agir de la même manière puisqu’il en a gardé la mémoire ».
Pour évaluer la pertinence de la définition « deuxième vague », notre interlocuteur a avancé une autre hypothèse. Il dit, toutefois, « nous pouvons aussi parler d’une seconde vague lorsqu’il est question du même virus mais dont la structure est modifiée, c’est-à-dire que celle-ci n’est plus la même».
« Dans ce cas, le système immunitaire reconnait ce virus comme étant différent et réagit comme si ce n’est plus le même », a-t-il soutenu.
D’après l’immunologue, il s’agit d’une première vague irrégulière. « Pour dire qu’une vague est terminée, il faudrait que le virus ait suffisamment muté. Actuellement ce n’est pas le cas, ça ressemble plutôt à un deuxième foyer, ce sont des clusters qui n’ont pas été touchés et qui sont atteints au fur et à mesure », a expliqué le Pr Kamel Sanhadji.
« Le virus infecte de plus en plus mais tue de moins en moins » :
Malgré le nombre élevé des cas de contaminations, la sévérité du virus semble moins préoccupante qu’avant, estime le Pr Kamel Sanhadji.
« Aujourd’hui le nombre des contaminations est élevé, mais le chiffre des décès n’a pas suivi. La tendance ascendante de la courbe des infections ne s’est pas traduite par une hausse parallèle des morts ou même des cas compliqués », fait remarquer le président de l’Agence nationale de sécurité sanitaire.
Le constat de l’immunologue repose sur le fait que « le virus effectue actuellement des mutations adaptées au corps humain ». « C’est-à-dire qu’il infecte de plus en plus mais tue de moins en moins », observe-t-il avant de préciser que cela « fait partie des caractéristiques des virus pathogènes qui infectent la cible sans même la tuer dans le but de survivre et de prospérer ».
Selon lui, « le virus procède à des mutations adaptées au corps humain, pour qu’il puisse garder sa survie, car s’il tue sa cible ses particules n’auront plus de surface pour prospérer et c’est ce qui fera sa disparition avec le temps ».
Ce genre de mutation, « va dans le bon sens », expose le spécialiste puisque « ça contribue au développement de la réponse immunitaire chez les personnes ».
Cela aussi « donnera suffisamment de temps pour pouvoir développer un vaccin anti-Covid et le mettre à la portée de tout le monde en particulier les personnes vulnérables à savoir celles qui souffrent déjà de certaines maladies chroniques », résume le Pr Kamel Sanhadji.
- Assia.T