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Déclarations et silences

Déclarations et silences

 

Les premiers échos qui ont filtré sur ce qui s’est dit, samedi 2 janvier, dans la salle d’audience de la cour militaire de Blida, lors du procès en appel des généraux-majors Mohamed Médiène et Athmane Tartag, de la secrétaire générale du Parti des Travailleurs, Louisa Hanoune, et de Saïd Bouteflika, frère et conseiller du président démissionnaire, Abdelaziz Bouteflika, suscitent, à l’évidence, l’intérêt des Algériens. Pour ce que les trois (alors toujours) accusés masculins ont dit mais également pour ce qu’ils n’ont pas dit. Et le plus important dans ce qu’ils ont dit ne réside pas dans leur rejet, prévisible, de tous les chefs d’accusation pour lesquels ils ont été traduits devant la juridiction militaire. Mais plutôt dans les démentis a posteriori qu’ils ont apportés à certaines accusations qui ont très largement circulé dans le pays et parmi la population; surtout, après leur incarcération. Alors que l’ancien patron de l’ex-DRS s’est franchement inscrit en faux contre celle d’avoir comploté pour destituer le défunt chef d’Etat-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, le frère et conseiller du président démissionnaire a, quant à lui, rejeté avec force l’accusation – très relayée alors par nombre de personnalités politiques et de médias et, de ce fait, largement répandue dans la société – de s’être emparé illégalement des sceaux de la présidence de la République et de les avoir utilisés à des fins en contradiction avec la légalité. Et là, il faut dire que les trois personnalités précitées n’ont pas toujours été claires dans leurs déclarations. À dessein, à l’évidence. Répondant au juge qui l’interrogeait sur ses refus précédents d’assister aux audiences, le général-major Tartag s’est contenté de répondre, sans autre forme de précisions, que “cette fois-ci, les conditions (étaient) meilleures”. Un refus d’être plus clairs dans leurs réponses qu’ont également adopté le général-major Mohamed Médiène et Saïd Bouteflika quand le président d’audience leur a demandé plus de précisions sur ce qu’ils venaient de dire. “Je le ferai peut-être un jour”, lui a répondu le premier; et: “je préfère me taire pour ne pas blesser certains”, lui a rétorqué le second. C’est dans la même veine que s’inscrivent les propos tenus par l’ancien patron de l’ex-DRS sur la position de l’ancien président Liamine Zeroual à l’égard du consensus qui s’est dégagé sur sa personne pour gérer la difficile situation qui régnait dans le pays dans les premiers mois de l’année 2019: “Pour moi, il n’avait pas refusé mais il a fini par le faire…”, s’est-il, en effet, contenté de déclarer. 

Mourad Bendris