La nouvelle n’a pas eu le retentissement qu’elle mérite. Du moins, un peu plus de 24 heures après qu’elle soit devenue publique. Peu de médias à travers le monde ont, en effet, repris ce qui constitue assurément une première en Afrique. Et dont l’importance tient au fait que l’événement dont il s’agit touche au domaine militaire. Selon le chef de la délégation militaire sahraouie à la 3ème réunion extraordinaire du Comité Technique Spécialisé sur la Défense, la Sûreté et la Sécurité (CTSDSS) qui s’est tenue, par visioconférence, dans les derniers jours du mois de janvier 2021, dont les propos ont été rapportés par le site El Portal diplomatico, les chefs d’Etat-major des armées africaines qui y ont pris part, ont adopté “un document qui autorise l’usage de la force pour libérer un pays occupé”. Même s’il ne venait pas à être adopté par les chefs d’Etats africains lors du prochain Sommet de l’UA prévu pour se tenir les 6 et 7 du mois en cours – par visioconférence, sans aucun doute -, le document en question est révélateur d’une évolution profonde en Afrique. Vis-à-vis, tout à la fois, de la prise en charge des problèmes qui entravent sa marche en avant mais également vis-à-vis d’un problème en particulier; qui a, précisément, cette condamnable caractéristique de freiner le développement et l’intégration du Continent. En proposant “l’usage de la force pour libérer un pays occupé”, les militaires africains lancent un signal fort sur la disposition de l’Afrique à ne compter désormais que sur ses propres forces pour régler tous les problèmes, fussent-ils militaires, qui se dressent sur le chemin de son développement et de son unité. Un signal qui est également lancé en direction d’un membre de l’UA – le royaume du Maroc – qui, contre les textes fondateurs de l’organisation panafricaine, continue d’occuper le territoire d’un autre membre de celle-ci; la RASD, à savoir. Ce que, à l’évidence, les représentants du Makhzen à la 3ème réunion extraordinaire du CTSDSS de l’UA, ont parfaitement saisi. Selon le responsable sahraoui précité, dont les propos ont été rapportés par le site El Portal diplomatico, ceux-ci ont, en effet, tout tenté pour empêcher l’approbation du document susmentionné proposant “l’usage de la force pour libérer un pays occupé”. Mais en vain. Quand on connaît le poids de l’institution militaire dans la “vie” des pays africains, d’aucuns n’écartent pas la possibilité que, lors du tout prochain Sommet de l’UA, les chefs d’Etat africains suivront les chefs d’État-major de leurs armées respectives et adopteront ledit document.
Mourad Bendris