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Belhimer: “L’Algérie, à la croisée de deux courants…”

Belhimer: “L’Algérie, à la croisée de deux courants…”

Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement ne rate aucune occasion pour rappeler ce qui semble être, pour lui, une profonde conviction. A savoir, que le pays est très sérieusement menacé dans ses stabilité et sécurité par des parties internes et externes. Dans un entretien qu’il avait accordé, il y a une dizaine de jours, au site Sabq Press, Amar Belhimer avait, en effet, clairement parlé de “dangers qui guettent l’Algérie”. Dans celui qu’il a eu, il y a deux jours, avec Le Soir d’Algérie, il s’est voulu plus précis dans la désignation des parties qui œuvrent à attenter aux sécurité et stabilité du pays et à la quiétude de son peuple. Premier officiel en exercice à le faire de manière aussi claire, il a pointé un doigt accusateur dans deux directions: “les résidus” de l’ancien système et les “intrus du Hirak”; ces derniers étant pour le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement – deux qualités qui laissent clairement entendre que ses propos reflètent la position de “l’équipe actuellement aux commandes du pays” – ceux qui “ont pris le train (du Hirak) en marche pour en prendre les commandes”. Opaque si l’on s’en tient à ces seuls propos, l’identité politique de ces derniers transparaît avec plus de netteté quand Amar Belhimer a abordé la situation présente du pays: “L’Algérie se trouve aujourd’hui à la croisée de deux courants: celui des nostalgiques de la sinistre ère coloniale, qui se cachent derrière des prétentions de démocratie avec ses phases consécutives et transitoires, et celui des tenants d’un changement radical par la voie pacifique et institutionnelle”, a-t-il, en effet, déclaré. Il ne faut pas être grand clerc en politique pour comprendre que le premier courant est celui des “intrus du Hirak”. Et le second, celui “de l’équipe actuellement aux commandes du pays”; en clair, du pouvoir issu de l’élection présidentielle de décembre 2019. Une lecture qui est, au demeurant, confortée par l’affirmation du porte-parole du gouvernement selon laquelle “le référendum constitutionnel de novembre (2020) a plébiscité le deuxième choix, bâti sur des bases solides”. Un choix – celui “radical (mais) par la voie pacifiquue et institutionnelle” – qui n’est, selon Amar Belhimer, ni  celui “ des résidus de l’ancien système”, ni celui “des intrus du Hirak”. Et pour cause: les deux ayant, toujours selon le ministre de la Communication qui a qualifié leur alliance actuelle de “magma contre-révolutionnaire rassemblant la chose et son contraire”, d’autres objectifs. Aussi grave que peut l’être l’accusation qu’il lui a portée d’être “financé et instruit par des cercles formels et informels de pouvoirs étrangers”, Amar Belhimer ne s’est pas cependant arrêté à cela. Il a, en effet, accusé ce “magma contre-révolutionnaire (…) d’œuvrer d’arrache-pied pour faire aboutir des mots d’ordre de désobéissance civile, de troubles et de recours à la violence”. Et ce, a-t-il poursuivi, dans l’objectif escompté “d’un retour aux affaires et aux commandes”. Comme pour mieux faire ressortir la gravité et la réalité des menaces qui pèsent présentement sur les stabilité et sécurité de l’Algérie, le ministre de la Communication n’a pas hésité à déclarer que “les résidus de l’ancien système ont réussi à opérer une accumulation effrénée de ressources financières et un positionnement de leurs relais dans tous les appareils de l’Etat et à tous les niveaux de décision, qui leur confèrent naturellement une force de frappe qui n’a pas encore été totalement contenue ou  neutralisée”. Une “force de frappe” qui pourrait être utilisée dans les tout prochains jours. Plus particulièrement, le 22 février prochain, date-anniversaire (le deuxième) du Hirak. Ce que semble craindre Amar Belhimer qui a souligné que “le magma contre-révolutionnaire” compte sur “les marches quotidiennes, là où elles peuvent être tenues” et où seront scandés “des mots d’ordre hostiles à l’institution militaire et aux services de sécurité”, pour atteindre leurs sournois objectifs”.

Mourad Bendris