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Mesures d’apaisement et piques acérées

Mesures d’apaisement et piques acérées

 

Attendues depuis son retour de son séjour médical en Allemagne et, plus particulièrement, depuis les audiences qu’il a accordées à nombre de responsables de partis politiques, les mesures que le président Tebboune a annoncées dans le discours à la Nation qu’il a prononcé, dans la soirée du jeudi 18 février, à l’occasion de la Journée nationale du Chahid mais, également, de la célébration du deuxième anniversaire de ce qu’il a qualifié de “Hirak béni et originel du 22 février” – une qualification qui n’est nullement fortuite comme on le verra par la suite -, n’ont pas vraiment été une surprise pour les Algériens. La dissolution de l’Assemblée populaire nationale (APN) – et non pas du Parlement: celui-ci se composant également du Conseil de la nation (Sénat) qui n’est pas concerné par ladite mesure -, le remaniement ministériel et la libération des détenus, entre autres, étaient, en effet, dans l’air ces derniers jours. Mais cela ne veut pas dire que le discours du président de la République était “sans saveur”. Loin de là. Tout un chacun a dû remarquer que le Président Tebboune a, dès son entame, lancé une pique acérée à ceux qui, contrairement “aux chouhada qui ont tout sacrifié pour que les Algériens vivent libres dans leur pays”, sont prêts à le vendre “pour un prix dérisoire”. Des propos qui ne sont pas restés longtemps sibyllins. Tout un chacun a dû également remarquer que le président de la République, en parlant du Hirak, a tenu, à chaque fois, comme indiqué plus haut, à le qualifier de “béni” et “d’originel”, et à préciser qu’il s’agissait du “Hirak du 22 février”. Rapportées aux événements de ces derniers jours, ces qualification et précision prennent toute leur signification. Tout indique, en effet, que le Président Tebboune visait dans ses propos, les “hirakistes du 16 février”. En clair, les parties et personnalités nationales qui veulent faire du 16 février 2019, la date effective du début du mouvement de protestation qui a abouti à la démission de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, et de Kherrata, le berceau de celui-ci. Et ce, comme l’atteste la présence, le 16 du mois en cours, dans cette ville de la Petite-Kabylie relevant administrativement de la wilaya de Bejaïa, où s’est déroulée une importante manifestation qui a très vite été présentée, par une presse, nationale et étrangère, connue pour sa proximité avec l’opposition au pouvoir en place, comme le prélude à une reprise du Hirak – celui qui n’est ni “béni” ni “originel”, pour le Président Tebboune -, de nombre de ces personnalités. Dont les plus en vue ont été, incontestablement, Mohcine Belabbès, Karim Tabbou, Zoubida Assoul, Mustapha Bouchachi et Fodil Boumala. Est-ce à ces personnalités que le président de la République faisait allusion en parlant, à l’entame de son discours, “d’Algériens qui sont prêts à vendre leur pays pour un prix dérisoire”? Les prochains jours ne manqueront pas d’apporter la réponse idoine à cette interrogation que beaucoup d’Algériens doivent, assurément, se poser. Elle leur sera, tout aussi assurément, fournie par la suite que ces parties et personnalités réserveront à la mesure d’apaisement annoncée dans son discours par le Président Tebboune, que constitue la libération, dans les toutes prochaines heures, d’une soixantaine de détenus, déjà jugés ou qui attendaient de l’être, connus pour leur engagement dans le “Hirak du 16 février”. 

Mourad Bendris