Le cirque électoral de Mohammed VI

Ahmed achour

Dans un article paru sur Middle East Eye, Aziz Chahir, en 2011, lors des mouvements de protestations connus sous le nom de Printemps Arabe, la monarchie marocaine « s’est massivement déployée pour contenir les protestations et éviter le renversement du régime, comme ce fut le cas en Tunisie, en Égypte et en Libye ».

Dans ce but, « le pouvoir a fait appel au Parti justice et développement (PJD), un parti d’obédience islamiste, qui s’est désolidarisé d’ailleurs du Mouvement contestataire du 20 février (M20) ».

L’expert marocain affirme que « l’adoption d’une nouvelle Constitution, par une élite proche du sérail, n’a fait que consacrer les pouvoirs disproportionnés du roi ».

Pour lui, la dégringolade de la popularité du PJD en raison de son bilan mitigé et sa signature des accords d’Abraham prouvent la persistance de la « stratégie de décrédibilisation des partis ». « Après l’USFP (gouvernement dit de l’« alternance » en 1998), aujourd’hui, c’est au tour du PJD de faire les frais de son expérience au sein de l’exécutif ». signale-t-il.

Les élections organisées mercredi « constituent une occasion en or pour la monarchie de discréditer davantage le PJD auprès de l’électorat ».

« En ce jour d’élections, le pouvoir semble déterminé à tourner la page des islamistes institutionnels, ou du moins à les reléguer au second plan. Un scénario possible à condition qu’ils ne remportent pas le scrutin », ajoute-t-il.

Selon Chahir, « loin d’être un moment démocratique visant à libérer la volonté du peuple via les urnes, au Maroc, les élections servent, avant tout, à renforcer la doxa de la monarchie sur la sphère politique ».

Il constate que « dans un climat marqué par la corruption et l’achat des votes – dénoncés notamment par le chef du gouvernement –, le nomadisme politique, les alliances ethnico-tribales et les « candidatures familiales », ainsi que la violence politique et l’interventionnisme de l’administration en faveur de certains candidats proches du pouvoir, notamment ceux issus du PAM, les électeurs ne savent plus où donner de la tête ».

« Les Marocains subissent un spectacle électoral accablant, savamment orchestrée par le ministère de l’Intérieur. Sinon, comment expliquer le dénigrement des partis et la marginalisation des élus dont le rôle est de plus en plus réduit à la légitimation des décisions émanant de la volonté suprême d’un seul homme : le roi ? », s’est-il interrogé.

Pour Chahir, « échéances électorales semblent marquer l’échec cuisant du monarque à emprunter la voie irréversible de la démocratisation, laissant à son fils un pays pris en otage par les sécurocrates qui se sont arrogés le « droit » d’organiser des consultations qui ressemblent de plus en plus à un cirque électoral.

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