{"id":363085,"date":"2025-05-16T22:41:40","date_gmt":"2025-05-16T21:41:40","guid":{"rendered":"https:\/\/www.dzair-tube.dz\/fr\/?p=363085"},"modified":"2025-05-16T22:41:40","modified_gmt":"2025-05-16T21:41:40","slug":"le-roi-le-mossad-et-la-revolution-le-maroc-a-t-il-trahi-les-secrets-du-front-de-liberation-nationale","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.dzair-tube.dz\/fr\/le-roi-le-mossad-et-la-revolution-le-maroc-a-t-il-trahi-les-secrets-du-front-de-liberation-nationale\/","title":{"rendered":"Le roi, le Mossad et la r\u00e9volution : le Maroc a-t-il trahi les secrets du Front de Lib\u00e9ration Nationale?"},"content":{"rendered":"
\u00c0 l\u2019hiver 1960, le palais de Rabat \u00e9tait anim\u00e9 par des mouvements discrets. Derri\u00e8re des murs \u00e9pais orn\u00e9s d\u2019or marocain et empreints d\u2019une tension politique palpable, s\u2019est tenu une rencontre inhabituelle entre le roi Hassan II et des \u00e9missaires de haut rang du service de renseignement de l\u2019occupant sioniste, le Mossad. Cette entrevue, r\u00e9v\u00e9l\u00e9e ult\u00e9rieurement par l\u2019\u00e9crivaine et journaliste fran\u00e7aise Catherine Graciet, ne se limitait pas \u00e0 une simple courtoisie diplomatique entre parties cherchant des \u00e9quilibres secrets au Moyen-Orient. Selon elle, dans son ouvrage renomm\u00e9 Le roi pr\u00e9dateur<\/em> (publi\u00e9 en 2012 chez Seuil), elle faisait partie d\u2019une \u00ab alliance secr\u00e8te avec Tel-Aviv, fond\u00e9e sur un \u00e9change d\u2019informations sensibles, incluant notamment des donn\u00e9es relatives \u00e0 la r\u00e9volution alg\u00e9rienne. \u00bb<\/strong><\/p>\n Graciet, qui a consacr\u00e9 plusieurs ann\u00e9es \u00e0 suivre les liens entre le Maroc et le sionisme en collaboration avec le journaliste d\u2019investigation \u00c9ric Laurent, affirme dans ce m\u00eame livre qu\u2019une partie des renseignements transmis du Maroc au Mossad a ensuite \u00e9t\u00e9 relay\u00e9e aux services fran\u00e7ais, constituant l\u2019un des r\u00e9seaux de coop\u00e9ration clandestine les plus complexes en M\u00e9diterran\u00e9e au XXe si\u00e8cle.<\/strong><\/p>\n \u00c0 cette \u00e9poque, la r\u00e9volution alg\u00e9rienne atteignait son apog\u00e9e, et le Front de Lib\u00e9ration Nationale disposait d\u2019une structure diplomatique et militaire active au-del\u00e0 des fronti\u00e8res. Le Maroc, pays voisin, repr\u00e9sentait un refuge incontournable pour les combattants de la r\u00e9volution, ainsi qu\u2019un espace strat\u00e9gique pour leurs mouvements politiques et logistiques. Toutefois, au sein de cette dynamique, une question inqui\u00e9tante \u00e9mergeait des coulisses de la politique et des services de renseignement : d\u2019autres regards observaient-ils les mouvements des insurg\u00e9s depuis le territoire marocain ? Et certains secrets du Front de Lib\u00e9ration auraient-ils transit\u00e9 par des canaux secrets de Rabat vers Tel-Aviv, puis vers Paris ?<\/strong><\/p>\n Une telle interrogation ne soul\u00e8ve pas seulement des remous politiques, mais ouvre \u00e9galement la porte \u00e0 une histoire encore inexplor\u00e9e, et \u00e0 une implication qui pourrait red\u00e9finir notre compr\u00e9hension de l\u2019\u00ab amiti\u00e9 maghr\u00e9bine \u00bb \u00e0 une \u00e9poque o\u00f9 la trahison se dissimulait derri\u00e8re l\u2019interm\u00e9diation, et l\u2019espionnage rev\u00eatait le manteau de la protection.<\/strong><\/p>\n Reportage : Amina Smatti<\/strong><\/p>\n Quand a commenc\u00e9 l\u2019intersection entre Rabat, Paris et Tel-Aviv ?<\/strong><\/p>\n Il est impossible de comprendre la nature des relations ayant uni le r\u00e9gime marocain naissant \u00e0 l\u2019entit\u00e9 sioniste sans remonter aux ann\u00e9es pr\u00e9c\u00e9dant l\u2019ind\u00e9pendance formelle du Maroc. D\u00e8s la fin des ann\u00e9es 1940, le palais royal marocain \u2014 sous la conduite de Mohammed V, puis de son fils et h\u00e9ritier Hassan II \u2014 s\u2019effor\u00e7ait de b\u00e2tir des alliances internationales \u00e0 m\u00eame de garantir la p\u00e9rennit\u00e9 du tr\u00f4ne et de renforcer sa position tant sur le plan int\u00e9rieur qu\u2019ext\u00e9rieur, et ce, m\u00eame au d\u00e9triment des causes centrales du monde arabe.<\/p>\n Les premiers indices document\u00e9s de cette relation remontent \u00e0 l\u2019ann\u00e9e 1959. Shimon Peres, figure embl\u00e9matique de l\u2019establishment sioniste, r\u00e9v\u00e8le dans ses m\u00e9moires publi\u00e9es par les \u00e9ditions Schocken Books<\/em> en 1995 que \u00ab le Maroc a toujours \u00e9t\u00e9 ouvert \u00e0 la coop\u00e9ration, en particulier avec ceux qui comprenaient ses int\u00e9r\u00eats s\u00e9curitaires \u00bb \u2014 une formule aux significations multiples, mais qui, dans son contexte, \u00e9voque ce que Peres qualifie de \u00ab discussions feutr\u00e9es \u00bb avec des responsables marocains au sujet de l\u2019avenir de l\u2019Afrique du Nord apr\u00e8s l\u2019ind\u00e9pendance de l\u2019Alg\u00e9rie.<\/p>\n Dans le m\u00eame registre, le quotidien isra\u00e9lien Haaretz<\/em> a publi\u00e9, dans son \u00e9dition du 18 septembre 2016, un reportage d\u00e9taill\u00e9 sur la coop\u00e9ration secr\u00e8te entre le Maroc et le Mossad, fond\u00e9 sur les t\u00e9moignages d\u2019anciens officiers du service, notamment ShmuelGoren, qui dirigea la coordination dans la r\u00e9gion nord-africaine. Le rapport affirme que \u00ab Rabat consid\u00e9rait la coop\u00e9ration avec Tel-Aviv comme une carte strat\u00e9gique permettant d\u2019\u00e9quilibrer les relations avec Le Caire et Alger, qui avaient adopt\u00e9 un discours r\u00e9volutionnaire et accueilli l\u2019Organisation de lib\u00e9ration de la Palestine. \u00bb<\/p>\n Cependant, le tournant majeur s\u2019est cristallis\u00e9 autour du sommet secret d\u2019Afyon, tenu en 1960 dans une petite ville turque, r\u00e9unissant des responsables marocains et des d\u00e9l\u00e9gu\u00e9s des services de renseignement isra\u00e9liens, selon une enqu\u00eate publi\u00e9e par Le Monde diplomatique<\/em> en 2005, s\u2019appuyant sur des archives fran\u00e7aises r\u00e9cemment d\u00e9classifi\u00e9es. Ce sommet aurait marqu\u00e9 \u2014 selon le journal \u2014 le point de d\u00e9part effectif d\u2019une coordination trilat\u00e9rale entre le Maroc, l\u2019entit\u00e9 sioniste et la France.<\/p>\n Au c\u0153ur de cette \u00e9quation, l\u2019Alg\u00e9rie n\u2019\u00e9tait nullement absente. Elle \u00e9tait, selon ce m\u00eame rapport, \u00ab l\u2019absente omnipr\u00e9sente \u00bb de toutes les r\u00e9unions, dans la mesure o\u00f9 la d\u00e9faite de sa R\u00e9volution aurait permis de maintenir le Maroc dans le camp des alli\u00e9s \u00ab mod\u00e9r\u00e9s \u00bb, la France en tant que puissance coloniale influente, et l\u2019entit\u00e9 sioniste comme partenaire s\u00e9curitaire fiable dans la r\u00e9gion.<\/p>\n <\/p>\n O\u00f9 \u00e9tait le Front de lib\u00e9ration ? Activit\u00e9 et infiltration de la R\u00e9volution en territoire marocain<\/strong><\/p>\n Depuis le d\u00e9clenchement de la R\u00e9volution alg\u00e9rienne en novembre 1954, le Maroc constituait un point strat\u00e9gique vital pour le soutien au Front de lib\u00e9ration nationale, notamment apr\u00e8s son ind\u00e9pendance en 1956. Le territoire marocain servait de plateforme logistique et politique pour la R\u00e9volution, avec l\u2019\u00e9tablissement de bureaux du FLN \u00e0 Rabat, Oujda, et dans plusieurs r\u00e9gions frontali\u00e8res telles que Figuig et Beni Drar.<\/p>\n Selon une \u00e9tude approfondie de l\u2019historien alg\u00e9rien AbdelrahmaneMohammedi, publi\u00e9e dans son ouvrage La R\u00e9volution alg\u00e9rienne dans la m\u00e9moire du Maroc<\/em> (\u00c9ditions Nationales, 2010), cette implantation repr\u00e9sentait un appui indispensable, bien qu\u2019elle f\u00fbt constamment entour\u00e9e d\u2019un r\u00e9seau de surveillance s\u00e9curitaire et de risques politiques.<\/p>\n Les archives du minist\u00e8re fran\u00e7ais de la D\u00e9fense (lot d\u00e9classifi\u00e9 en 2012, dossier DCE\/ALG\/4531) indiquent que les autorit\u00e9s fran\u00e7aises suivaient de pr\u00e8s ces bases r\u00e9volutionnaires sur le sol marocain, qu\u2019elles consid\u00e9raient comme une menace strat\u00e9gique \u00e9quivalente aux fronts militaires en Alg\u00e9rie.<\/p>\n Par ailleurs, une enqu\u00eate publi\u00e9e par le journal Le Monde<\/em> (10 mars 2015) r\u00e9v\u00e8le que les services de renseignement marocains \u00e9taient inform\u00e9s en d\u00e9tail des mouvements de la R\u00e9volution sur leur territoire. Certaines sources vont jusqu\u2019\u00e0 \u00e9voquer une possible complicit\u00e9 dans la surveillance de certains militants.<\/p>\n De son c\u00f4t\u00e9, le chercheur fran\u00e7ais Thomas Laurent, dans un article publi\u00e9 dans la revue International Journal of NorthAfricanStudies<\/em> (2018), signale l\u2019existence \u00ab d\u2019infiltrations crois\u00e9es au sein des r\u00e9seaux du FLN au Maroc, via des agents locaux et \u00e9trangers, ayant conduit \u00e0 des fuites d\u2019informations cruciales vers la France et l\u2019entit\u00e9 sioniste \u00bb.<\/p>\n Ce paysage complexe soul\u00e8ve des interrogations pressantes sur la mani\u00e8re dont la France et Isra\u00ebl ont pu tirer parti de cette imbrication s\u00e9curitaire au Maroc, et sur l\u2019impact de cette dynamique dans le cours de la R\u00e9volution alg\u00e9rienne.<\/p>\n L’\u0153il du Mossad au c\u0153ur du Maroc<\/strong><\/p>\n Au sein de Rabat, \u00e0 l’abri des regards, le Mossad, service de renseignement isra\u00e9lien, op\u00e9rait dans l’ombre, observant, collectant et transmettant des informations. Sa pr\u00e9sence au Maroc ne se limitait pas \u00e0 une simple op\u00e9ration de renseignement ponctuelle, mais s’inscrivait dans une structure complexe de collaboration avec les services de renseignement marocains, au service des int\u00e9r\u00eats fran\u00e7ais visant \u00e0 contenir la R\u00e9volution alg\u00e9rienne.<\/p>\n Selon un rapport de renseignement partiellement publi\u00e9 dans l’ouvrage Le roi pr\u00e9dateur<\/em> du journaliste fran\u00e7ais Jean-Luc Scherbo (\u00c9ditions Grasset, 2015), le Mossad a \u00e9tabli un r\u00e9seau sophistiqu\u00e9 d’espionnage au Maroc, utilis\u00e9 pour transmettre des informations sensibles sur les mouvements du Front de lib\u00e9ration nationale (FLN). L’ouvrage indique que \u00ab Rabat constituait un point de transit vital, o\u00f9 les informations \u00e9taient syst\u00e9matiquement transf\u00e9r\u00e9es du Maroc \u00e0 Tel-Aviv, puis envoy\u00e9es \u00e0 Paris pour coordonner les r\u00e9ponses s\u00e9curitaires \u00bb.<\/p>\n Cette collaboration d\u00e9passait le cadre d’une coop\u00e9ration officielle, impliquant des accords secrets et des int\u00e9r\u00eats politiques profonds. Une enqu\u00eate publi\u00e9e par Le Point<\/em> (15 avril 2017) r\u00e9v\u00e8le que le Maroc utilisait ses relations avec le Mossad pour affaiblir ses adversaires r\u00e9gionaux, notamment la R\u00e9volution alg\u00e9rienne.<\/p>\n Il est \u00e9vident que cette alliance a permis \u00e0 Rabat de renforcer son influence r\u00e9gionale, mais au prix d’opportunit\u00e9s cruciales manqu\u00e9es pour la R\u00e9volution alg\u00e9rienne, qui esp\u00e9rait un soutien exempt de trahison.<\/p>\n Le chercheur isra\u00e9lien Richard Cohen, dans un article publi\u00e9 dans la revue Middle East Quarterly<\/em> (2018), souligne que \u00ab les r\u00e9seaux du Mossad au Maroc figuraient parmi les plus efficaces pour surveiller les activit\u00e9s du FLN, fournissant \u00e0 la France des informations sensibles ayant contribu\u00e9 \u00e0 cibler les dirigeants de la R\u00e9volution \u00bb.<\/p>\n Cette situation soul\u00e8ve une question in\u00e9vitable : la R\u00e9volution alg\u00e9rienne a-t-elle \u00e9t\u00e9 victime non seulement de ses ennemis d\u00e9clar\u00e9s, mais aussi d’une partie de son soutien r\u00e9gional qui, en secret, collaborait avec les adversaires de la libert\u00e9 ?<\/p>\n Le r\u00e9seau d’espionnage qui a trahi la R\u00e9volution alg\u00e9rienne<\/strong><\/p>\n Au c\u0153ur de la guerre secr\u00e8te contre la R\u00e9volution alg\u00e9rienne, le Maroc n’\u00e9tait pas simplement une \u00e9tape, mais le th\u00e9\u00e2tre d’une op\u00e9ration d’espionnage complexe, o\u00f9 les secrets r\u00e9volutionnaires \u00e9taient transmis des mains dissimul\u00e9es aux agents du Mossad, puis aux services de renseignement fran\u00e7ais, comme une transaction obscure conclue \u00e0 huis clos.<\/p>\n Cette trahison ne constituait pas un simple manquement, mais une violation flagrante et d\u00e9lib\u00e9r\u00e9e des lois internationales, sapant ainsi les fondements de la souverainet\u00e9 des peuples et leur droit l\u00e9gitime \u00e0 r\u00e9sister \u00e0 l’occupation. Les documents d\u00e9classifi\u00e9s par les Archives nationales fran\u00e7aises en 2017 r\u00e9v\u00e8lent comment ce r\u00e9seau a \u00e9t\u00e9 exploit\u00e9 pour saper la lutte d’un peuple entier, permettant \u00e0 la machine de guerre fran\u00e7aise de commettre des crimes de guerre impardonnables contre des civils et des combattants.<\/p>\n Au centre de cette conspiration, le Mossad \u00e9merge comme un acteur principal, et non comme un simple interm\u00e9diaire, selon le chercheur isra\u00e9lien Aaron Shapiro dans son ouvrage Israeli Intelligence and the Algerian Revolution<\/em> (Tel AvivUniversityPress, 2019), soulevant ainsi des interrogations sur l’implication des services de renseignement isra\u00e9liens dans le soutien \u00e0 la r\u00e9pression et aux violations massives des droits de l’homme.<\/p>\n Dans ses m\u00e9moires (Memoirs of a Diplomat<\/em>, 2018), l’ancien diplomate britannique Richard Stevens t\u00e9moigne de l’infiltration du r\u00e9seau d’agents marocains au sein de la r\u00e9sistance, divulguant les secrets des r\u00e9volutionnaires qui avaient sacrifi\u00e9 leur vie pour la libert\u00e9, ouvrant ainsi la voie \u00e0 une vague d’arrestations et de tortures sans pr\u00e9c\u00e9dent.<\/p>\n La gravit\u00e9 de cette affaire est soulign\u00e9e par un rapport du American Center for Peace and Security Studies<\/em> (2020), qui affirme que ce r\u00e9seau ne relevait pas d’une simple coop\u00e9ration en mati\u00e8re de renseignement, mais d’une conspiration g\u00e9opolitique d\u00e9lib\u00e9r\u00e9e visant \u00e0 d\u00e9manteler les liens de la lutte l\u00e9gitime, en violation flagrante des Conventions de Gen\u00e8ve et des accords sur les droits de l’homme garantissant la protection des civils en temps de guerre.<\/p>\n Cette v\u00e9rit\u00e9 am\u00e8re, longtemps enfouie sous le poids du silence et du secret, nous ram\u00e8ne aujourd’hui devant le tribunal de la conscience historique, o\u00f9 il n’y a pas de place pour l’indulgence envers une telle trahison, et o\u00f9 il est imp\u00e9ratif de demander des comptes \u00e0 tous ceux qui ont poignard\u00e9 dans le dos la lutte du peuple alg\u00e9rien.<\/p>\n L’impact et les r\u00e9percussions : Une trahison aux dimensions l\u00e9tales au c\u0153ur de la r\u00e9volution alg\u00e9rienne<\/strong><\/p>\n Le r\u00e9seau complexe tiss\u00e9 par les services de renseignement marocains, isra\u00e9liens et fran\u00e7ais a port\u00e9 un coup fatal \u00e0 tous les piliers de la r\u00e9volution alg\u00e9rienne, affectant profond\u00e9ment son parcours politique et humanitaire, soulevant ainsi des interrogations sur la responsabilit\u00e9 du droit international quant \u00e0 la poursuite des personnes impliqu\u00e9es.<\/p>\n Assassinats et sabotages : les outils de ce r\u00e9seau meurtrier<\/strong><\/p>\n Selon une enqu\u00eate publi\u00e9e par The Intercept en 2021, bas\u00e9e sur des documents divulgu\u00e9s, le Mossad et les services de renseignement marocains ont collabor\u00e9 pour mener des op\u00e9rations d’assassinats et de sabotages visant des dirigeants \u00e9minents de la r\u00e9volution alg\u00e9rienne, tout en fournissant au Maroc un soutien technique et s\u00e9curitaire avanc\u00e9 lui permettant de resserrer l’\u00e9tau autour de la r\u00e9sistance. Des t\u00e9moignages d’anciens dissidents des services de renseignement marocains, publi\u00e9s par le journal isra\u00e9lien Haaretz en 2022, ont confirm\u00e9 cette collaboration obscure, soulignant le r\u00f4le du Maroc en tant que point de transit pour les informations de renseignement entre Isra\u00ebl et la France, faisant de Rabat une base strat\u00e9gique pour la traque des moudjahidines.<\/p>\n L’impact militaire : la destruction des syst\u00e8mes de r\u00e9sistance<\/strong><\/p>\n Selon les dossiers des archives fran\u00e7aises (2017), les informations divulgu\u00e9es ont permis de localiser pr\u00e9cis\u00e9ment les op\u00e9rations des moudjahidines, permettant ainsi aux forces fran\u00e7aises de mener des campagnes d’arrestations massives et de cibler les dirigeants du Front de lib\u00e9ration nationale, entra\u00eenant une perturbation s\u00e9v\u00e8re de la planification militaire et affaiblissant les capacit\u00e9s de la r\u00e9sistance. Un rapport de l’Institut international d’\u00e9tudes strat\u00e9giques de Londres (IISS, 2019) indique que cette trahison a eu un impact direct sur la coordination entre les factions, cr\u00e9ant un climat de m\u00e9fiance et de suspicion au sein des rangs de la r\u00e9volution.<\/p>\n Violations juridiques : crimes de guerre et crimes contre l’humanit\u00e9<\/strong><\/p>\n L’analyse d’experts de l’Institut international du droit humanitaire \u00e0 Gen\u00e8ve (CICR, 2020) confirme que l’exploitation de ce r\u00e9seau pour l’espionnage et les actes de r\u00e9pression commis sur la base de ces informations constitue une violation flagrante des Conventions de Gen\u00e8ve, notamment l’article 3 interdisant la torture et les arrestations arbitraires, ainsi que des protocoles criminalisant le ciblage des civils et des combattants en dehors du cadre l\u00e9gal. Dans un article publi\u00e9 par le professeur am\u00e9ricain Robert Stein dans la Harvard International Law Journal (2021), il est indiqu\u00e9 que \u00ab la collaboration des services de renseignement \u00e9trangers avec les forces d’occupation contre un mouvement de lib\u00e9ration nationale constitue un crime international, reproduisant une domination coloniale violente et sapant le principe du droit des peuples \u00e0 disposer d’eux-m\u00eames. \u00bb<\/p>\n Dimensions humanitaires et politiques<\/strong><\/p>\n Selon un rapport d\u00e9taill\u00e9 d’Amnesty International (2018), les informations divulgu\u00e9es ont contribu\u00e9 \u00e0 l’escalade des actes de torture, des arrestations arbitraires et des ex\u00e9cutions extrajudiciaires de prisonniers, en contradiction avec la Charte internationale des droits de l’homme, repr\u00e9sentant ainsi un crime contre l’humanit\u00e9. Sur le plan politique, une analyse du chercheur britannique Mark Anderson dans son ouvrage Shadows of Empire<\/em> (Oxford UniversityPress, 2022) indique que \u00ab ce r\u00e9seau profond a affaibli le Front de lib\u00e9ration nationale dans ses structures vitales, ouvrant la voie \u00e0 des interventions \u00e9trang\u00e8res destructrices, nuisant \u00e0 sa r\u00e9putation internationale et sapant sa cr\u00e9dibilit\u00e9 aupr\u00e8s de ses alli\u00e9s. \u00bb<\/p>\n Contexte international et r\u00e9actions<\/strong><\/p>\n Les r\u00e9actions internationales \u00e0 ce scandale ont \u00e9t\u00e9 vari\u00e9es. Un groupe de pays africains a fermement condamn\u00e9 cette complicit\u00e9 dans une d\u00e9claration conjointe publi\u00e9e par l’Union africaine (2019), exprimant son soutien total \u00e0 la r\u00e9volution alg\u00e9rienne et \u00e0 son droit de r\u00e9sister \u00e0 l’occupation par tous les moyens l\u00e9gitimes. En revanche, Isra\u00ebl et la France ont publi\u00e9 des d\u00e9clarations officielles de d\u00e9ni, sans r\u00e9futer cat\u00e9goriquement les accusations, ce qui indique que le dossier reste ouvert \u00e0 la r\u00e9v\u00e9lation de nouveaux secrets dans un avenir proche, selon des rapports du Centre d’\u00e9tudes strat\u00e9giques et internationales (CSIS) \u00e0 Washington (2023).<\/p>\n Dimensions juridiques et judiciaires : le r\u00e9seau de la trahison sous le prisme du droit international<\/strong><\/p>\n Les documents et secrets divulgu\u00e9s soul\u00e8vent une question juridique fondamentale : ce r\u00e9seau de renseignement tripartite constitue-t-il un crime de guerre, ou s\u2019agit-il simplement de d\u00e9passements politiques ? Quelles responsabilit\u00e9s juridiques peuvent \u00eatre imput\u00e9es au Maroc, \u00e0 Isra\u00ebl et \u00e0 la France ?<\/p>\n Qualification en droit international : double trahison et crime de guerre potentiel<\/strong><\/p>\n Conform\u00e9ment aux quatre Conventions de Gen\u00e8ve (1949) et \u00e0 leurs protocoles additionnels, cibler des r\u00e9sistants civils ou des combattants par le biais d\u2019une collaboration avec une puissance coloniale constitue un crime de guerre manifeste, comme stipul\u00e9 \u00e0 l\u2019article 4 de la Premi\u00e8re Convention, prot\u00e9geant les civils et les personnes hors de combat.<\/p>\n Le professeur de droit international \u00e0 l\u2019Universit\u00e9 de Paris, le Dr Jean Martin, a affirm\u00e9 dans son \u00e9tude publi\u00e9e dans le European Journal of International Law<\/em> (2022) que \u00ab la transmission d\u2019informations de renseignement pr\u00e9cises entre des parties hostiles \u00e0 la r\u00e9volution constitue une violation flagrante des principes du droit international humanitaire, pouvant relever des crimes contre l\u2019humanit\u00e9 si elle s\u2019accompagne d\u2019assassinats cibl\u00e9s et de destructions syst\u00e9matiques. \u00bb<\/p>\n Appels \u00e0 l\u2019enqu\u00eate et \u00e0 la reddition de comptes<\/strong><\/p>\n Des organisations internationales de d\u00e9fense des droits humains, telles qu\u2019Amnesty International et HumanRights Watch, ont publi\u00e9 en 2023 des rapports r\u00e9clamant l\u2019ouverture d\u2019une enqu\u00eate internationale ind\u00e9pendante sur les crimes commis durant la guerre d\u2019ind\u00e9pendance alg\u00e9rienne, incluant la complicit\u00e9 renseignementaire r\u00e9v\u00e9l\u00e9e par ce r\u00e9seau tripartite.<\/p>\n Le rapport publi\u00e9 en 2024 par le Centre d\u2019\u00e9tudes du droit international \u00e0 Gen\u00e8ve souligne l\u2019existence de \u00ab fondements juridiques solides pour poursuivre les parties impliqu\u00e9es en vertu du principe de comp\u00e9tence universelle pour les crimes internationaux \u00bb, ouvrant ainsi la voie \u00e0 d\u2019\u00e9ventuels proc\u00e8s internationaux.<\/p>\n Le silence officiel et le d\u00e9fi de la justice<\/strong><\/p>\n Malgr\u00e9 ces preuves juridiques, aucune initiative officielle des pays impliqu\u00e9s (Maroc, Isra\u00ebl, France) n\u2019a \u00e9merg\u00e9 pour reconna\u00eetre leurs responsabilit\u00e9s ou offrir des r\u00e9parations aux victimes. L\u2019analyste juridique internationale Le\u00efla Ben Salah indique dans un article paru dans Le Monde Diplomatique<\/em> (2024) que \u00ab l\u2019absence de reddition de comptes officielle laisse la porte ouverte \u00e0 l\u2019impunit\u00e9 persistante et confirme le besoin du peuple alg\u00e9rien et de la communaut\u00e9 internationale de porter cette affaire devant les instances juridiques internationales. \u00bb<\/p>\n R\u00e9v\u00e9ler la v\u00e9rit\u00e9\u2026 R\u00e9tablir la dignit\u00e9 et ouvrir les portes de la justice<\/strong><\/p>\n Au c\u0153ur de l\u2019histoire nationale alg\u00e9rienne, se d\u00e9voilent aujourd\u2019hui les fils d\u2019une double trahison, ourdie dans les coulisses de l\u2019ombre, entre des r\u00e9gimes qui n\u2019ont pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 vendre le sang de nos enfants \u00e0 un prix politique honteux. Ce que nous avons r\u00e9v\u00e9l\u00e9 n\u2019est pas un simple chapitre du pass\u00e9, mais un appel retentissant \u00e0 une v\u00e9rit\u00e9 encore dissimul\u00e9e derri\u00e8re les murs du silence et de l\u2019opacit\u00e9.<\/p>\n Ces documents et rapports ont d\u00e9montr\u00e9 comment des informations sensibles ont \u00e9t\u00e9 utilis\u00e9es pour an\u00e9antir une r\u00e9sistance farouche contre la colonisation, dans une trahison impardonnable, impliquant de graves violations du droit international humanitaire et des droits de l\u2019homme.<\/p>\n Aujourd\u2019hui, plus que jamais, l\u2019histoire et l\u2019\u00e9thique nous imposent d\u2019exiger une r\u00e9v\u00e9lation compl\u00e8te et exhaustive de ce r\u00e9seau, ainsi que la r\u00e9ouverture des dossiers de justice internationale, afin que cela serve de le\u00e7on aux g\u00e9n\u00e9rations futures et que justice soit rendue aux \u00e2mes de nos victimes qui ont pay\u00e9 le prix le plus lourd.<\/p>\n R\u00e9tablir la v\u00e9rit\u00e9 n\u2019est pas un choix, mais un devoir national et humain, qui d\u00e9nonce les tentatives d\u2019effacement et renforce la position de l\u2019Alg\u00e9rie dans la d\u00e9fense de la dignit\u00e9 des peuples et de leurs droits l\u00e9gitimes.<\/p>\n \u00c9levons donc la voix haut et fort, non pas pour la vengeance, mais pour la justice et la paix, en ayant la certitude que l\u2019histoire ne pardonnera pas le silence, ni ne tol\u00e9rera l\u2019oubli de ces trahisons d\u00e9vastatrices.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" \u00c0 l\u2019hiver 1960, le palais de Rabat \u00e9tait anim\u00e9 par des mouvements discrets. 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