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Les ambitions contrariées d’un jeune industriel qui voit grand

Les ambitions contrariées d’un jeune industriel qui voit grand

 

Kheireddine Athmania fait partie de cette race de jeunes industriels algériens dont l’ambition n’a d’égale que la volonté de participer concrètement au développement de l’économie nationale. Et qui, de ce fait, n’arrive toujours pas à s’expliquer les raisons de la poursuite du blocage de l’important projet pour l’économie nationale qu’il a lancé il y a cinq années maintenant. Un blocage d’autant plus malvenu que le projet est aujourd’hui concrétisé sur le terrain. L’usine dont il a entrepris la réalisation en 2015, soit au lendemain de la décision du gouvernement d’alors d’interdire l’importation des engins agricoles, est, en effet, depuis 2017, une réalité concrète. Réalisée en partenariat avec un grand fabricant italien de machinisme agricole, dont le groupe Kheirredine Athmania était, jusqu’en 2015, le concessionnaire exclusif, sur fonds propres et dans une zone d’ombre de la wilaya frontalière d’El Tarf, celle-ci est prévue pour  employer quelque “1000 travailleurs”. Qui depuis attendent que les autorités compétentes veuillent bien accorder à leur employeur le “sésame” tant espéré. En clair, l’agrément qui lui permette de lancer la production de tracteurs avec un taux d’intégration oscillant, selon Kheirredine Athmania “entre 30% et 50%”. Se voulant plus précis à ce propos, ce dernier a clairement fait porter le chapeau à l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia qu’il a ouvertement accusé d’avoir bloqué son projet. Surtout que celui-ci lui avait déclaré, lors de l’audience qu’il lui avait alors accordée, que si “Bouchouareb s’était trompé, moi, je ne vais pas persévérer dans le montage”. Une explication que le jeune investisseur a dit ne pas comprendre. Comme il a dit ne pas comprendre “l’aberration que constitue l’imposition aux investisseurs dans le domaine du machinisme agricole le même cahier de charges que celui imposé aux constructeurs automobiles”. Dans la lancée, il n’a pas manqué de considérer le blocage de son projet “d’être une autre aberration”. Et d’expliquer: “Les besoins annuels de l’Algérie en tracteurs est de 10 000 engins et quand on sait que la durée de vie d’un tracteur est de 18 ans, qu’il existe 1 700 000 exploitations agricoles dans notre pays, que la surface agricole utile y est de 8,5 millions et que celle-ci peut-être portée à 30 millions d’hectares si les terres de notre vaste Sahara sont mises en valeur, que 23% de la population active nationale est constituée d’agriculteurs, que seuls trois à quatre constructeurs de machinisme agricole existent en Algérie et que la valeur basse du dinar par rapport aux devises étrangères rend nos produits compétitifs à l’exportation, on ne peut que s’étonner de ce qui m’arrive”. Malgré tous ces problèmes, Kheirredine Athmania n’est pas près de baisser les bras. Épaulé par la CGEA, il a introduit, il y a cinq mois, auprès des services compétents du ministre de l’Industrie un nouveau dossier pour obtenir le déblocage de son projet. Un déblocage qu’il espère rapide surtout que la situation de son groupe devient de plus en plus intenable. Avec les frais d’entretien de l’usine et de ses équipements. Ce qui a poussé celui-ci à procéder au licenciement d’un certain nombre de ses employés. 

Mourad  Bendris