Il y 61 ans, jour pour jour, la France coloniale a procédé à son premier essai nucléaire dans le Sahara algérien, Le 13 février 1960, à 7h 40mn, une très forte explosion d’une “puissance de 70 kilotonnes – soit 3 à 4 fois la puissance de la bombe atomique larguée, le 6 août 1945, par les Américains sur la ville japonaise d’Hiroshima – a ébranlé les entrailles de la région de Reggane, dans l’actuelle wilaya d’Adrar. C’était la tristement célèbre opération “Gerboise bleue” qui allait être suivie durant cinq autres années – jusqu’à 1966, pour être précis – par 56 autres essais nucléaires; effectués sur le site de Reggane mais également sur celui d’In Ekker, à 100 km au nord de la ville de Tamanrasset. Dans les deux lieux, “les préjudices des radiations (libérées) sont, pour reprendre le contenu du tweet posté aujourd’hui par Sabri Boukadoum, ministre des Affaires étrangères, visibles, jusqu’à aujourd’hui, sur la santé des habitants et l’environnement”. Plus précis sur ce point, l’historien Mohamed El Korso, dans un entretien accordé à l’APS, a déclaré que “dans (ces) explosions, qui n’ont épargné, ni les animaux, ni la nature, la France s’est servie d’Algériens comme cobayes”. Ce qui lui a fait dire, rejoignant en cela l’avis largement partagé par l’écrasante majorité des Algériens, qu’ils soient de simples citoyens, des spécialistes de la chose historique ou des membres de la classe politique, que les explosions nucléaires françaises de Reggane et d’In Ekker “ne sont qu’un épisode de la longue série de crimes commis contre le peuple algérien dans le cadre de la stratégie d’extermination (élaborée par le) colonisateur français et ce, depuis son arrivée en Algérie, en 1830”. Comme pour dire que ces desseins criminels n’ont pas cessé avec l’Indépendance de l’Algérie, Mohamed El Korso a révélé qu’après la fin de la colonisation “les autorités ont préféré laisser sur place des déchets nucléaires qui continuent, encore aujourd’hui, à nuire largement à la santé (des gens) et à l’environnement dans les régions de Reggane et de Tamanrasset ». Des régions où tout un chacun peut constater “la recrudescence de plusieurs types de cancer, notamment la leucémie et le cancer de la peau, l’apparition d’anomalies congénitales et l’enregistrement de problèmes d’infertilité à large échelle”. Établissant, à l’évidence, un lieu entre toutes ces conséquences néfastes pour les Algériens y vivant et leur environnement, et le refus des autorités françaises “de restituer les archives liées aux explosions nucléaires menées dans le Sahara algérien, durant la période coloniale,” qui les ont provoquées, l’historien exige de “la France qu’elle (les) restitue”. Et ce, non sans préciser qu’elle peut le faire “dans le cadre d’un mécanisme de coopération bilatérale” à mettre en place. Pour Mohamed El Korso, une telle restitution permettra “l’identification des lieux d’enfouissement des déchets nucléaires et la délimitation des zones contaminées” et ce, “pour éviter de nouvelles contaminations”. Mais également “(la facilitation) de la gestion de ce dossier mémoriel fondamental”. L’insistance de toutes les sphères de la société algérienne à exiger la restitution des archives liées aux essais nucléaires menées par la France coloniale dans de vastes régions du Grand Sud, va de pair avec les actions des plus hautes autorités du pays entreprises à l’échelle internationale pour “l’interdiction complète” de tout essai de ce type sur la surface de la Terre. Et c’est non sans satisfaction que le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a écrit dans le tweet précité qu’il a posté ce jour, que “l’Algérie, qui était et demeure à l’avant-garde des pays plaidant (pour une telle interdiction), a contribué, lors de sa présidence des travaux de la première commission des Nations unies, à l’adoption, en date du 7 juillet 2017, du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires”.
Mourad Bendris