Baisse des cas de Coronavirus en Algérie : les explications du Pr Kamel Senhadji

La  courbe des cas de contaminations maintient sa tendance descendante ces derniers jours en Algérie. Le bilan publié par les autorités sanitaires du pays fait état d’une baisse d’infections, ce qui a suscité des avis favorables de certains spécialistes. Dans un entretien accordé à Dzair-Tube, le professeur Kamel Senhadji est revenu sur les raisons de cette baisse.

Le président de l’Agence nationale de Sécurité sanitaire, estime que la situation épidémiologique est à présent « maîtrisée », même si probablement « il est impossible de détecter tous les cas».

« La situation sanitaire par rapport à la Covid-19 est favorable vu que le nombre des cas de contaminations est en baisse depuis une dizaine de jours », a-t-il précisé. Selon le spécialiste, cette décrue s’explique par deux facteurs. L’un est social et l’autre scientifique.

Scientifiquement, le professeur Senhadji a dit que la baisse des infections permet de constater qu’il y a une certaine réponse immunitaire de la part de la population, même si globalement on enregistre quotidiennement des cas de contaminations.

« On constate un profil immunitaire favorable qui permet de dire que le virus effectue actuellement des mutations, mais qui sont favorables », a-t-il expliqué.

Selon le professeur Kamel Senhadji , la baisse des cas de contaminations quotidiens se vérifie par la diminution de l’activité dans les hôpitaux.  « Il y a de moins en moins de personnes qui entrent actuellement en structures hospitalières et particulièrement en service de réanimation, ceci dit que le phénomène diminue. Il est en train de s’opérer avec une source virale qui semble de moins en moins virulente », a soutenu le professeur Senhadji.

De ce fait, le taux de létalité en Algérie devient, selon notre interlocuteur « comparable à celui enregistré sur l’échelle mondiale ». Un taux qui est estimé de 3,2 à 3,4 %.

Pour ce qui est du facteur social, le Pr Senhadji  a estimé que  la prise de conscience des citoyens a permis de contrôler la situation épidémiologique ces derniers jours.

« On remarque une prise de conscience de la part de nos concitoyens, notamment en ce qui concerne le respect des mesures de prévention à savoir, la distanciation physique, le port du masque ainsi que l’état d’hygiène », a-t-il  affirmé, en mettant en garde contre quelconque « relâchement ».

Qu’en est-il de la prochaine rentrée sociale ?

Contrairement aux craintes éprouvées par certains spécialistes quant à la prochaine rentrée sociale, le professeur Kamel Senhadji  estime  que la reprise de l’activité «  ne représente pas autant de dangers ».

« Logiquement on devrait s’attendre à un rebond de contaminations avec la prochaine rentrée sociale, mais je n’y crois pas trop, puisque le déconfinement  décidé après l’Aid ne s’est pas traduit par une flambée des cas de contaminations », a prédit le président de l’Agence nationale de sécurité sanitaire.

Pour le Pr Kamel Senhadji, le virus semble aujourd’hui  muté dans la bonne direction. Certes, dit-il « il y a toujours des infections, mais il semble que le virus produit des souches qui s’adaptent à l’homme sans autant se traduire par un taux de létalité important ».

« Comme il est déjà expliqué, depuis son apparition, le virus s’est propagé mais tout en se propageant il a perdu de sa virulence, c’est-à-dire qu’il s’achemine vers un autre type infectieux, il ne sera ni pandémique ni épidémique mais plutôt endémique. Autrement dit cette souche réapparaîtra probablement tous les ans tout en donnant des syndromes grippaux », a-t-il ajouté

«Même si la situation ne semble pas actuellement  aussi préoccupante qu’avant,  je préconise que les gens doivent être plus vigilants et doivent maintenir également le respect de toutes les consignes sanitaires afin d’éviter le rebond des infections », a-poursuivi notre interlocuteur.

L’éradication de la Covid-19, dépend-t- elle de la disponibilité du vaccin ?

A l’instar des autres pays, l’Algérie prévoit une stratégie de vaccination contre le Coronavirus . Pour cela, des démarches sont déjà entreprises pour garantir la disponibilité du remède.

Dans cet entretien, le professeur Kamel Senhadji a considéré que le vaccin, fera certes « accélérer » la réponse immunitaire chez les individus, mais l’immunité naturelle reste « la plus efficace »  pour l’élimination de l’infection.

« Puisque la virulence du virus diminue déjà, l’immunité globale se traduirait peut être par une sorte de protection naturelle et cela dit qu’on pourrait même se passer du vaccin », a expliqué le Pr Kamel Senhadji.

Il ajoute dans ce contexte, que dans le cas ou le virus agresse de moins en moins de personnes « on aurait probablement plus besoin d’un vaccin ».

Cependant, si le remède «  sera disponible dans très peu de temps, cela ferait que la pandémie soit  rapidement endiguée  du fait de l’accélération de la réponse immunitaire »,  estime le Pr Senhadji.

• Assia. T