Ces voix haineuses qui nous viennent de Tunisie

dzairtube

Qui connaît le sieur Ahmed Ounaies en Algérie? En dehors du milieu diplomatique: le sieur ayant eu une longue carrière dans le secteur, ponctuée, à son crépuscule, par un éphémère – il ne l’a occupé que du 25 janvier au 13 février 2011 – poste de chef de la diplomatie tunisienne dans le gouvernement de transition qui a été formé à la suite de la chute du président Zine El Abidine Ben Ali et qu’avait dirigé Mohamed Ghannouchi, le dernier chef du gouvernement de l’ancien régime, assurément, ils ne sont pas nombreux, dans notre pays, à le connaître. D’où la grosse surprise de beaucoup de nos compatriotes de le voir, il y a quelques jours, s’en prendre violemment à l’Algérie. Dans un entretien accordé à IFM, une radio privée tunisienne, cet ancien et obscur diplomate de carrière, qui a fait toutes ses classes sous les longues présidences des défunts Habib Bourguiba et Zine El Abidine Ben Ali – un fait qui peut expliquer beaucoup de choses – Ahmed Ounaies a, en effet, tenu des propos au vitriol contre notre pays. Qu’il a accusé, en plus d’être un état ingrat et ce, en s’attaquant à l’intégrité territoriale de ses voisins – la Tunisie et le Maroc (tiens, tiens), s’entend – qui l’ont aidé dans sa lutte pour le recouvrement de son indépendance, d’être également un “empêcheur de s’unir en rond”. En clair, d’être un obstacle à l’unité des pays du Maghreb. Pis, l’éphémère ministre des Affaires étrangères de notre voisin de l’Est a accusé l’Algérie d’être à l’origine des graves troubles qui avaient ensanglanté Gafsa, une ville du centre-ouest tunisien située à quelque 70 km de la frontière (avec notre pays). Et (re-tiens, tiens) de porter atteinte à l’intégrité territoriale du royaume de M6 en y appuyant le « séparatisme » sahraoui. Exceptée celle par laquelle il fait porter à l’Algérie la responsabilité des sanglants événements de Gafsa de janvier 1980, il partage avec l’ancien président intérimaire tunisien et, néanmoins, partisan acharné et propagateur zélé, durant la décennie noire du terrorisme, en tant que membre d’Amnesty International, de la fumeuse et criminelle thèse du “Qui-tue-qui”, toutes les autres accusations. Une concordance de vues et une concomitance dans leur expression qui sont tout, sauf fortuites. Quand on sait que ces accusations sont celles-là même qui constituent l’essentiel de l’argumentaire, usagé à force d’être ressassé, que développe, à chaque fois, le Makhzen pour s’en prendre à l’Algérie, il ne faut pas être grand clerc en politique pour comprendre à qui profitent “ces attaques venues de l’Est”. Ni pour devenir leur objectif; celui de venir en aide au “bénéficiaire” de ces attaques; le royaume de M6, à savoir, qui se trouve, depuis son agression militaire du 13 novembre dernier contre des manifestants civils sahraouis à El Guergarat, dans l’extrême-sud du Sahara Occidental, gravement empêtré dans une situation qu’il n’avait pas du tout prévu. Et qui, à terme, risque d’être fatale pour l’existence même de la monarchie alaouite. En décidant de ne plus reconnaître l’accord de cessez-le-feu signé, en 1991, sous l’égide des l’ONU, avec le Maroc, le Front Polisario a, en effet, bouleversé tous les calculs du Makhzen. Et, par la même, mis l’ONU devant ses responsabilités, en tant qu’organisation garante de la paix dans le monde et du respect des droits inaliénables de tout peuple colonisé à user de son droit, reconnu internationalement, à s’autodéterminer librement, de tenir ses engagements à l’égard du peuple sahraoui. Un droit que les deux “soutiens tunisiens” susnommés du Makhzen ont lamentablement et honteusement ignoré. Est-ce leur haine – diffuse dans toutes leurs dernières déclarations par lesquelles ils l’ont visée – de l’Algérie qui les a poussés à commettre un tel impair? Tout porte à le croire: le respect du droit des peuples à l’autodétermination ne semble pas, à l’évidence, peser lourd pour eux devant leur rêve – qu’ils partagent avec le Makhzen et ses appuis occidentalo-sionistes – de voir l’Algérie finalement déstabilisée. Et ce, comme le suggèrent, de la manière la plus claire qui soit, leur souhait, tout aussi clairement exprimé, de voir s’installer en Algérie, qu’ils disent être dirigée depuis son indépendance par les militaires, un pouvoir civil.

  • Mourad Bendris 
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