Au cœur des récentes manœuvres diplomatiques autour du dossier du Sahara occidental, les déclarations de Mohamed Yeslam Beissat, représentant du Front Polisario, ont remis la question à son essence première : le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination, et non pas une “solution politique imposée” par des puissances étrangères.
Ces propos, tenus à la veille de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée au renouvellement du mandat de la MINURSO, traduisent un rejet catégorique de toute tentative de contourner la légalité internationale qui considère encore le Sahara occidental comme un territoire non autonome en voie de décolonisation.
Entre autonomie et référendum : le cœur du différend
L’opposition entre Rabat et le Front Polisario repose sur une divergence fondamentale : celle de la légitimité juridique du processus.
Tandis que le Maroc promeut une initiative d’“autonomie” comme solution “réaliste”, le Polisario demeure attaché au référendum d’autodétermination, unique instrument reconnu par le droit international pour exprimer la volonté du peuple.
Ce que Rabat présente comme “pragmatisme” apparaît, pour Tindouf et nombre de capitales, comme une tentative d’imposer un fait accompli sous la couverture du soutien occidental et de la reconnaissance américaine de la prétendue souveraineté marocaine sur le territoire.
La légalité internationale face à la logique de la force
Sur le plan du droit, la légitimité demeure du côté du Polisario, reconnu par l’ONU comme partie principale au conflit.
Le Maroc, pour sa part, a misé ces dernières années sur une diplomatie de la séduction économique, s’appuyant sur des alliances opportunistes avec Paris, Washington et Tel-Aviv afin d’étendre artificiellement le cercle de ses soutiens.
Mais derrière cette façade moderniste, se cachent des réseaux d’influence et de corruption liés aux élites françaises — à commencer par Nicolas Sarkozy et l’ancienne ministre de la Justice Rachida Dati, proche du Makhzen — dont les liens financiers et politiques ont souvent alimenté les scandales à Paris.
Ces connexions, symboles d’un néocolonialisme déguisé, rappellent combien le Maroc continue de s’appuyer sur la connivence des anciens réseaux franco-marocains pour acheter silence et légitimité.
L’évolution géopolitique et le retour de la Russie
Parallèlement, on observe un rééquilibrage diplomatique avec l’entrée en scène de la Russie, aux côtés de l’Algérie, pour défendre le cadre onusien et la primauté du droit.
Ce réalignement géopolitique met fin à la domination exclusive du bloc occidental sur le dossier sahraoui et ouvre la voie à une relecture multipolaire des rapports de force.
Dans cette nouvelle configuration, la légalité internationale retrouve son poids, face à un Maroc isolé par ses propres contradictions.
Le Polisario et le pari du dialogue sincère
Le message de Mohamed Yeslam Beissat est limpide : “La paix ne peut naître ni d’intrigues ni de manœuvres.”
Le Polisario ne rejette pas le dialogue, mais il refuse qu’il devienne un instrument de gel du conflit ou de légitimation de l’occupation.
Sa position actuelle traduit une stratégie de réappropriation de l’initiative politique par les Sahraouis eux-mêmes, fondée sur un dialogue direct, sincère et respectueux de la légalité internationale.
La constance de l’Algérie
Pour l’Algérie, le principe reste inébranlable : aucune paix durable ne peut exister sans respect du droit à l’autodétermination.
Toute solution imposée serait une paix factice, porteuse d’instabilité et de ressentiment.
Il est temps que le Makhzen comprenne que la force n’engendre pas la légitimité et que l’histoire ne s’écrit pas avec les alliances du moment, mais avec le respect de la volonté des peuples et des principes universels du droit.