jeudi, 27 novembre, 2025

« Fête de l’unité » : quand le Maroc transforme les résolutions de l’ONU en illusions nationales

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« Fête de l’unité » : quand le Maroc transforme les résolutions de l’ONU en illusions nationales

Le roi Mohammed VI a décrété, le 31 octobre, une nouvelle fête nationale baptisée « Aïd Al Wahda » – la « Fête de l’unité » –, présentée comme la célébration d’une prétendue victoire diplomatique après l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2797 (2025) sur le Sahara occidental.
Mais cette initiative, loin d’être un signe de succès, révèle surtout la dérive symbolique et politique d’un régime en quête de légitimité interne et de reconnaissance internationale.

Car la résolution onusienne en question ne modifie en rien le statut juridique du territoire, toujours considéré par les Nations unies comme un territoire non autonome en attente de décolonisation. Le texte ne reconnaît pas la « marocanité » du Sahara, mais réaffirme la nécessité d’une solution « politique, juste, durable et mutuellement acceptable ». Autrement dit, le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination reste intact et fondamental.

En présentant cette simple prorogation du mandat de la MINURSO comme une « victoire historique », Rabat cherche avant tout à transformer une impasse diplomatique en triomphe symbolique. L’objectif : consolider une narration interne de « l’unité nationale » et détourner l’attention d’une opinion publique de plus en plus critique face aux inégalités sociales, à la répression et au coût économique de l’occupation.

Ce choix intervient à la veille du 50ᵉ anniversaire de la « Marche verte », que le régime célèbre chaque année comme l’acte fondateur de sa souveraineté sur le Sahara, alors qu’il s’agit en réalité d’un épisode d’occupation condamné par le droit international. À travers la création de cette nouvelle fête, Mohammed VI tente de redonner un souffle symbolique à une cause que la communauté internationale considère toujours comme non résolue.

Face à cette instrumentalisation, l’Algérie demeure fidèle à sa position de principe : le soutien inconditionnel au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Alger, forte de son histoire anticoloniale et de ses alliances solides, notamment avec la Chine et la Russie, défend une approche fondée sur la légalité internationale et le dialogue entre parties égales, loin de toute logique d’imposition unilatérale.
C’est cette cohérence diplomatique qui lui vaut aujourd’hui le respect d’une grande partie du Sud global et d’États qui refusent le deux poids deux mesures dans la gestion des conflits internationaux.

Le « Aïd Al Wahda » illustre ainsi la contradiction fondamentale de la politique marocaine : d’un côté, un discours triomphaliste destiné à l’opinion intérieure ; de l’autre, une réalité internationale où la souveraineté marocaine sur le Sahara reste juridiquement inexistante. La création de symboles nationaux ne remplacera jamais une légitimité internationale que seul un processus d’autodétermination peut conférer.

Pendant que Rabat célèbre une illusion, des dizaines de milliers de Sahraouis continuent de vivre dans les camps de réfugiés de Tindouf, en exil depuis un demi-siècle. Leur résistance pacifique, soutenue par Alger et reconnue par les résolutions de l’ONU, demeure la preuve vivante que la vérité historique et juridique ne peut être effacée par des fêtes improvisées.

La véritable unité, celle dont le Maghreb a besoin, ne viendra pas d’un décret royal ni d’un discours triomphaliste, mais d’une justice rendue à un peuple oublié. Tant que le Maroc refusera de reconnaître ce droit, le 31 octobre restera non pas une fête, mais le symbole d’un mensonge d’État.

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