Guterres, un pro-Makhzen? 

dzairtube

 

Le portugais António Guterres, actuel secrétaire général de l’ONU, serait-il un”pro-Makhzen”? L’irlandais Matthew Russell Lee, journaliste d’investigation free-lance – il collabore avec plusieurs médias dont, entre autres, Associated Press et le New York Times -, spécialisé dans les questions liées, entre autres, à l’ONU, au FMI et à Wall Street, le croit dur comme fer. Dans une interview accordée, tout dernièrement, à El portal diplomatico (Le Portail diplomatique), un site proche du Front Polisario, le fondateur et directeur exécutif d’Inner City Press, tout à la fois, organe de presse et organisation d’intérêt public et de défense des droits des personnes se trouvant dans une situation de fragilité sociale, domiciliée dans le quartier pauvre de South Bronx, à New York, l’a catégoriquement affirmé. Une affirmation qu’il a étayé par une série de faits et par le récit de ce qu’il a lui-même subi. 

Les lobbyistes pro-Makhzen ont les mains libres…

Pour Matthew Russell Lee, depuis l’élection d’Antonio Guterres  à la tête du secrétariat général de l’ONU, les lobbyistes pro-Makhzen ont le vent en poupe au sein de la plus importante des organisations internationales. Et la mission marocaine s’y est faite plus entreprenante. Au point où, a-t-il précisé, les journalistes, pourtant officiellement accrédités, qui se veulent objectifs dans leur traitement de la question du Sahara Occidental, se voient confrontés à toute sorte d’entraves dans l’exercice de leurs fonctions. Et ce, dans le même temps où ceux qui sont, disons, proches des thèses du Makhzen sur le Sahara Occidental, sont systématiquement choyés. Tout est fait, a-t-il déclaré, pour que seules leurs questions soient retenues. Dans la foulée, le directeur exécutif d’Inner City Press a révélé – pour mieux le dénoncer – le traitement de faveur que Antonio Guterres et la secrétaire générale adjointe (de l’ONU) chargée de la Communication globale et, partant, des médias et des accréditations au niveau du secrétariat général, l’américaine Melissa Flemming, réservent aux représentants des médias officiels marocains; faut-il le préciser, tous totalement inféodés au Makhzen. Contrairement aux autres journalistes accrédités qui, eux, sont soumis, à chaque fois qu’il est question du Sahara Occidental à des restrictions injustifiées, les “plumitifs de Sa Majesté” voient, a-t-il déclaré, toutes les portes du secrétariat général s’ouvrir devant eux. Pour donner une idée un tant soit peu claire du penchant manifeste de l’actuel secrétaire général de l’ONU pour le royaume de M6 et ses thèses sur le Sahara Occidental, Matthew Russell Lee a rapporté au site El Portal diplomatico le récit de ce qui lui est arrivé après qu’il eut filmé, en 2018, avec son téléphone portable, une séance du Conseil de sécurité  consacrée à la question de ce territoire occupé. 

La liberté de la presse bridée à l’ONU…

En application de sa funeste stratégie de ne rien laisser filtrer des discussions sur ce dernier, la délégation marocaine auprès de l’ONU s’en est plainte à Melissa Flemming. Laquelle ne s’est pas faite prier pour, contre toute attente parce que le fait était permis, prendre des mesures radicales contre sa personne et Inner City Press; les deux deux se sont vus retirer leur accréditation et interdits d’entrer au siège de l’organisation internationale. Pis, a poursuivi Matthew Russell Lee, la dame Flemming lui a même interdit, ainsi qu’à tout représentant d’Inner City Press, tout accès à la plateforme WebEx; une plateforme qui permet aux journalistes de couvrir en direct les événements se déroulant aussi bien au sein de l’ONU que d’autres grandes institutions internationales, telle, entre autres, le Fonds monétaire international (FMI). De là, à accuser le secrétaire général de l’ONU d’être contre la liberté de la presse, est un pas que le directeur exécutif d’Inner City Press franchit allègrement. Sauf qu’il ne s’arrête pas à cette accusation: il va, en effet, jusqu’à l’accuser de corruption: “Sous Antonio Guterres, l’ONU est devenue corrompue et contre la liberté de la presse », a-t-il péremptoirement répondu au journaliste d’El Portal diplomatico qui a mené l’interview. 

Antonio Guterres est derrière le blocage du dossier du Sahara Occidental…

Et c’est tout aussi péremptoirement qu’il a fait part de sa conviction que le blocage que connaît le dossier du Sahara Occidental tient à la corruption du secrétaire général de l’ONU; une manière, on ne peut plus claire, d’insinuer que l’ancien diplomate portugais bénéficie des “largesses” de la mission permanente du Maroc à l’ONU; des largesses qui poussent, a-t-il laissé entendre, Antonio Guterres à, d’un côté, “écarter” le dossier du Sahara Occidental au profit de dossiers qui siéent à la diplomatie marocaine – tels, a-t-il précisé, celui du “climat” – et, de l’autre, à manœuvrer, avec la complicité de la France, pour empêcher que ne soit attribué à la MINURSO “la surveillance de la situation des Droits de l’Homme au Sahara Occidental”. Des faits, a-t-il poursuivi, que confirme, on ne peut mieux, la non désignation par le SG de l’ONU d’un envoyé spécial au Sahara Occidental: “Il n’y a pas de précédent qu’un tel poste reste vacant autant de temps”, a-t-il déclaré à ce propos. Pour rappel le dernier envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental, l’Allemand Horst Kohler, a démissionné…en mai 2019. Excédé, à l’évidence, par tous ces faits qui portent un coup sévère à la réputation de l’ONU, Matthew Russell Lee appelle à s’opposer à la candidature pour un  second mandat de l’actuel secrétaire général de la plus importante des organisations internationales.

Mourad Bendris 

 

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