S’il y a un fait qui fait actuellement consensus – ou presque – en Algérie, c’est assurément la réalité de l’existence d’une menace externe. Il ne se passe pas un jour, en effet, sans qu’un haut responsable de l’Etat ou de l’institution militaire, une personnalité (politique ou autre) nationale ou un responsable de parti, n’en fasse allusion. Et n’en appelle, pour y faire efficacement face, à la consolidation du front interne. Le dernier appel en date a été lancé hier, dimanche 28 février, à partir de Tindouf, dans l’extrême sud-ouest du pays, où il avait animé un meeting populaire, par le secrétaire général du parti du FLN. Abou El Fadhl Baadji y a, en effet, insisté sur “l’impérative formation d’un front interne solide (à même) de protéger le pays et de barrer la route à ses ennemis de l’intérieur et de l’extérieur”. Son appel fait suite à ceux, allant dans le même sens, lancés à l’occasion de la célébration du 51ème anniversaire de la nationalisation, le 24 février 1971, par le régime révolutionnaire du président Boumediene, des hydrocarbures, par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, le secrétaire général de l’UGTA, Samir Labatcha, et le chef d’État-major de l’ANP, le général de corps d’armée Saïd Chengriha. Mais également à l’important communiqué que le ministère de la Défense nationale (MDN) a publié le 21 février dernier, par lequel il a démenti en long et en large, et en termes fermes, les insidieuses insinuations du président français, Emmanuel Macron, sur une prétendue participation de l’ANP à des opérations antiterroristes dans la région du Sahel, dans le cadre du G5 Sahel et sous commandement étranger. Un communiqué dans l’importance réside, outre dans le démenti précité aux allégations susmentionnées du président français, dans la précision qu’y apporte le MDN sur la nature des menaces qui pèsent sur le pays. Et que le chef d’Etat-major a repris dans l’importante allocution qu’il a prononcée à l’ouverture des travaux du séminaire national que l’Ecole Supérieure de Guerre a organisé les 24 et 25 février 2021 sous le thème d’actualité “Les guerres de la nouvelle génération: défis et méthodes de confrontation”. Le général de corps d’armée Saïd Chengriha a, en effet, précisé que l’Algérie ne fait plus face aux seules menaces conventionnelles que sont les agressions armées directes ou les opérations terroristes mais est également ciblée par des “guerres de nouvelle génération” ou “guerres hybrides”. Se voulant plus explicite dans ses propos, il a ajouté que celles-ci sont “des guerres qui ont leur propre mode, en ce sens qu’elles ciblent les sociétés et se basent sur la propagande et la contre-propagande, et ce, à travers une stratégie d’influence sur la perception collective». Des guerres qui, faut-il le préciser, s’adossent principalement sur les réseaux sociaux. Où pullulent de faux comptes créés dans le seul objectif de porter atteinte aux pays ciblés. Dont l’Algérie, comme l’a révélé, il y a quelques jours, dans une interview qu’il a accordée au quotidien arabophone El Massa, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Amar Belhimer y a, en effet, déclaré que “le Makhzen (avait) recruté une centaine d’agents dans le monde virtuel pour attaquer l’Algérie (et ce,) d’une manière méthodique et coordonnée”. C’est, assurément, sur la base de ces faits et, sans doute aucun, d’autres, qu’il n’a pas hésité à qualifier devant les participants au séminaire national (sur les “guerres de nouvelle génération”) précité, de “viles et non moins répétées tentatives de porter atteinte à la cohésion de la société”, que le chef d’État-major de l’ANP a souligné la nécessité qu’ont les Algériens “d’œuvrer, aujourd’hui plus que jamais, à consolider les liens de (leur) unité nationale et de renforcer (leur) cohésion et (leur) front interne afin de faire face à toutes les menaces». Et elles sont nombreuses.
Mourad Bendris