La diatribe anti-algérienne de Retailleau dévoile une résurgence de l’arrogance coloniale française

Alors que les autorités françaises affirment rechercher le calme diplomatique avec l’Algérie, la rhétorique belliqueuse du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a une fois de plus révélé l’arrogance coloniale persistante qui se cache sous la façade politique française. Dans une nouvelle attaque incendiaire, Retailleau a ouvertement défié les directives de l’Élysée, reprenant sa campagne d’hostilité désormais familière contre l’Algérie, exploitant cette fois l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal pour attiser les tensions de l’extrême droite.

Dans un long article du Figaro, Retailleau a exprimé une « impatience » croissante envers l’Algérie et a appelé sans détour à une « logique de la force » face à ce pays d’Afrique du Nord. Son ton provocateur met à nu l’utilisation stratégique de l’Algérie comme outil de propagande électorale, notamment pour séduire l’électorat de droite de plus en plus radical en France.

Algérie : un bouc émissaire électoral commode

Les attaques verbales de Retailleau ne sont pas des explosions aléatoires ; elles reflètent une stratégie politique calculée qui traite l’Algérie – et par extension, sa communauté immigrée en France – comme un souffre-douleur idéologique. Derrière la défense de la souveraineté française se cache une motivation plus profonde et plus cynique : exploiter le sentiment anti-algérien pour attiser le nationalisme et gagner des voix.

Cette rhétorique, amplifiée par les médias de droite, a des conséquences. La France connaît une recrudescence des crimes haineux, notamment le meurtre choquant d’un Tunisien dans le sud-est de la France – un acte que les dirigeants politiques français ont directement lié au climat de haine raciale attisé par les propos incendiaires de Retailleau.

Manuel Bompard, coordinateur national du parti La France Insoumise, a qualifié Retailleau de « dangereux diviseur », tandis que le député Bastien Lachaud le tenait politiquement et moralement responsable de l’alimentation des violences islamophobes, soulignant les attaques contre les mosquées et les menaces croissantes auxquelles sont confrontées les familles musulmanes en France.

L’hypocrisie de la République française dévoilée

La duplicité de l’État français est désormais mise à nu. Tout en se présentant publiquement comme une république laïque et humanitaire, la France continue d’instrumentaliser son passé colonial et de déployer une rhétorique anti-algérienne à des fins politiques. Elle présente une façade de réconciliation à l’étranger tout en attisant le racisme et la division sur son territoire.

Le discours de Retailleau n’est pas une simple déviation personnelle : il reflète un courant politique plus large en France, qui a méconnu son histoire coloniale. Ce courant refuse de considérer l’Algérie comme une nation souveraine et continue de la présenter comme un sujet du paternalisme français. En réalité, la tirade de Retailleau n’est rien d’autre qu’un récit colonial repensé, déguisé stratégiquement en politique intérieure.

L’Algérie, fidèle à sa souveraineté, ne sera pas ramenée dans l’imaginaire colonial français. Si la France souhaite sincèrement construire un partenariat d’égal à égal avec l’Algérie, elle doit commencer par réduire au silence ceux qui utilisent la xénophobie et le révisionnisme historique pour diviser pour mieux régner.