Lorsque la « Génération Z » – cette nouvelle voix numérique de la jeunesse marocaine – parvient à faire entendre ses cris dans l’espace public, le Makhzen révèle son véritable visage : répression directe, verrouillage sécuritaire, arrestations soudaines et blocus médiatique. Les avertissements des experts sont clairs : ces freins sécuritaires risquent de pousser cette génération montante vers une confrontation de masse avec le système.
La Génération Z, apparue soudainement sur l’application Discord pour appeler à descendre dans la rue et revendiquer l’amélioration de l’éducation publique, la rénovation du système de santé et l’accès à l’emploi, n’est pas un simple phénomène passager. C’est la déclaration d’une confrontation stratégique entre des générations étouffées par la fermeture des institutions traditionnelles.
Mais la réaction des autorités n’a pas surpris : déploiement sécuritaire massif pour empêcher les rassemblements, arrestations de jeunes et neutralisation des tentatives de mobilisation dans la rue. Si cette approche perdure, l’expression numérique pourrait bien se transformer en une colère explosive impossible à enfermer dans des cages policières.
De quoi le Makhzen a-t-il vraiment peur ? Que l’étouffement d’une voix numérique capable de se mobiliser laisse place à une riposte de la rue, et que l’obsession sécuritaire finisse par plonger le Maroc dans un choc politique.
Ce refus sécuritaire s’inscrit dans une logique ancienne : le régime n’admet pas de fissures dans ses forteresses de contrôle, même si les ruines sociales atteignent leur paroxysme. La crainte n’est pas tant dans les revendications de changement que dans leurs conséquences : perte de contrôle et glissement du pouvoir.
Parallèlement, plusieurs incidents récents prouvent que la méthode sécuritaire ne peut suffire : deux mouvements protestataires locaux, comme le « mouvement des hôpitaux » cet été et les manifestations contre la cherté des services dans les villages, ont échappé au contrôle central et mis en lumière la fragilité de Rabat dans la gestion des crises.
Dans un contexte plus large, on invoque souvent les « menaces extérieures » ou les « complots internationaux », mais la réalité démontre que le véritable danger est intérieur : des structures fragilisées, des institutions fondées sur la loyauté plutôt que sur la performance, et une jeunesse qui refuse désormais de se taire.
Si la stratégie sécuritaire se poursuit, le Maroc s’approche d’un moment d’« explosion numérique dans la rue » : une boule de neige qui dévalera les villes, alimentée par un climat d’exaspération accumulé depuis des années. Les pays qui ont tenté d’étouffer les mouvements numériques sans leur offrir d’espace d’organisation ont fini par subir un séisme populaire.
En définitive, le Makhzen est face à un test existentiel : étouffer la nouvelle voix ou répondre aux revendications légitimes et inclure la jeunesse dans la résolution des dangers sociaux. L’ignorer aujourd’hui pourrait se transformer demain en cauchemar incontrôlable, faisant de la « Génération Z » non plus un signe de défi, mais le symbole d’une révolution qu’aucune répression ni interdiction ne pourra éteindre.