الاثنين 02 جوان 2025

La participation de la brigade Golani aux manœuvres African Lion suscite la colère au Maroc : « Nous sommes devenus un protectorat israélien »

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La participation de la brigade Golani aux manœuvres African Lion suscite la colère au Maroc : « Nous sommes devenus un protectorat israélien »

L’entité sioniste entraîne l’armée marocaine à la guerre des tunnels, au plus fort de sa brutale agression contre Gaza.

Au centre d’entraînement de Tifnit, au sud d’Agadir (Maroc), des soldats coiffés de bérets marron – emblème de l’unité d’élite sioniste Golani – entraînent les forces spéciales du royaume aux techniques de guerre souterraine. La scène, documentée par des photos diffusées par l’armée américaine, a provoqué une profonde division au Maroc. Ce n’est pas dû à la présence de l’entité sioniste dans les exercices de grande envergure « African Lion », déjà monnaie courante depuis la normalisation diplomatique en 2020, ce qui n’est manifestement pas le cas. La raison réside plutôt dans le contexte dans lequel ils se déroulent : l’intensification de l’offensive israélienne contre la bande de Gaza, qui a fait plus de 54 000 martyrs en vingt mois, pour la plupart des civils, et réduit l’enclave palestinienne en ruines.

« En tant que Marocain, j’ai rarement ressenti une trahison aussi profonde », déclare Karim Hassoun, militant et cofondateur de la Fondation Hind Rajab, une organisation basée à Bruxelles qui traque les soldats israéliens impliqués dans des violations des droits de l’homme à Gaza lors de leurs déplacements à l’étranger. « S’entraîner avec une unité connue pour son implication dans des crimes de guerre tout en commettant un génocide n’est pas une stratégie, c’est une complicité directe ». C’est ce dont Hassoun accuse le régime du Makhzen.

L’ombre de Gaza s’étend de l’autre côté des frontières

La Brigade Golani, formée en 1948 et impliquée dans les guerres israélo-arabes successives, est sous le feu des projecteurs pour son rôle dans l’opération militaire actuelle dans la bande de Gaza. En mars dernier, l’un de ses bataillons a participé à une opération à Rafah qui a entraîné la mort de quinze travailleurs humanitaires, selon des ONG et des agences des Nations Unies. Les ambulanciers étaient en route pour porter secours aux victimes des bombardements israéliens aveugles. Leur mort, quelques minutes après avoir été abattus par les forces de Tsahal, a été filmée sur leurs téléphones portables. Après leur mort, leurs corps ont été enterrés dans une fosse commune près du lieu de l’attaque.

La présence de cette unité d’élite sioniste au Maroc, officiellement destinée à échanger des expertises tactiques et à favoriser le consensus entre alliés, a suscité une vague de critiques de la part des civils marocains et des figures de l’opposition. « C’est un scandale sans précédent. Nous sommes devenus un protectorat sioniste en plein génocide brutal », déclare Ali Lmrabet, journaliste marocain exilé en Catalogne et critique de longue date de la monarchie alaouite. « Certains diront que cette complicité effroyable est le résultat de la peur de l’Algérie. Je crois que le régime marocain a normalisé des décennies de relations, secrètes ou pas, avec l’entité sioniste », ajoute-t-il. « Et n’oublions pas qu’Hassan II a autorisé le Mossad à espionner les dirigeants arabes lors de la réunion de la Ligue arabe à Casablanca dans les années 1960, avant la guerre des Six Jours. »

C’est un scandale d’une ampleur sans précédent. Nous sommes devenus un protectorat israélien en plein génocide brutal.

La coopération ne se limite pas à des exercices symboliques ; des sources militaires et des documents officiels indiquent qu’elle s’est concentrée sur l’entraînement à la guerre des tunnels, l’une des tactiques les plus sophistiquées utilisées par l’armée d’occupation israélienne à Gaza et au sud du Liban. Utilisant des systèmes robotiques et de surveillance de pointe, l’entraînement a été mené dans plusieurs villes du pays, notamment Agadir, Tiznit, Kénitra et Ben Guerir. Les images montrent certaines des mêmes méthodes utilisées pour tuer et enterrer vivants des civils à Gaza. Ces pratiques, en plein génocide, constituent une violation du droit international et un outrage moral, affirme Hassoun.

Le mécontentement populaire est palpable. Les Marocains, traditionnellement attachés à la cause palestinienne et un des peuples les plus révoltées du monde arabe depuis le déclenchement de la guerre en octobre 2023, ne sont pas restés indifférents à cet événement choquant. La contradiction entre le discours officiel de soutien à la Palestine et la coopération militaire avec Tel-Aviv a encore exacerbé les tensions. « Le régime du Makhzen veut prouver aux États-Unis et à Israël qu’il est un allié à 100 %, tout en prétendant être attaché aux droits des Palestiniens », déclare l’économiste et figure de l’opposition Fouad Abdelmoumni. « Mais au vu des crimes horribles commis par Israël, cette position est devenue inacceptable. »

La monarchie marocaine, qui jouit des pleins pouvoirs exécutifs, maintient une position ambiguë depuis la reprise des relations diplomatiques avec l’entité sioniste en échange de la reconnaissance américaine du Sahara occidental. Cet équilibre fragile commence à se défaire. Dans un État démocratique, les dirigeants écoutent l’opinion publique. Mais le Maroc étant une monarchie absolue, la colère de l’opinion publique face à la normalisation avec un État criminel et génocidaire pousse le roi et son entourage à agir à leur guise, explique Lmrabet.

Manœuvres non-stop

Les exercices « African Lion », organisés chaque année par les États-Unis et le Maroc avec la participation de pays alliés, sont devenus la vitrine d’une nouvelle réalité géostratégique en Afrique du Nord. Lors de sa 21e édition, des délégations de plus de 20 pays, dont plusieurs États arabes, y ont participé. La présence sioniste n’était un secret pour personne. « Pour la première fois, l’arrivée des soldats israéliens a été filmée et diffusée avec un drapeau visible. Il ne s’agit plus de relations secrètes », selon un reportage diffusé par la chaîne de télévision publique israélienne Kan.

De son côté, l’armée marocaine a salué l’utilisation des « technologies et équipements les plus récents » lors de l’entraînement conjoint au combat clandestin. Parallèlement, des organisations telles que « Femmes Journalistes Sans Chaînes » ont dénoncé la participation d’unités « accusées de violations des droits humains » et ont exigé une position claire du gouvernement de Rabat.

Pour la première fois, l’arrivée des soldats israéliens a été filmée et diffusée avec le drapeau visible.

Une alliance sous le feu des critiques

La coopération militaire entre le Maroc et l’entité sioniste constitue une réalité structurelle qui a résisté à son impopularité généralisée auprès des Marocains ordinaires. Cependant, les images de soldats israéliens s’entraînant sur le sol marocain, alors que la guerre à Gaza s’intensifie, ont bouleversé ces calculs. Cela relance un vieux dilemme de la politique étrangère marocaine : dans quelle mesure l’alliance avec l’entité occupante peut-elle être maintenue sans compromettre le lien émotionnel et historique avec la cause palestinienne ?

Cela ne fait aucun doute. Le peuple marocain soutient massivement la Palestine, et la normalisation n’est pas soutenue par les Marocains. C’est le programme d’un régime qui ne représente personne, comme l’affirme Hassoun. « La complicité dans les crimes de guerre est non seulement illégale, mais moralement inacceptable.» S’opposer au génocide n’est pas radical ; c’est humain. S’opposer à des manœuvres militaires impliquant des criminels notoires n’est pas dramatique ; c’est juridiquement et moralement nécessaire.

L’isolement international croissant d’Israël complique encore davantage l’équilibre entre Mohammed VI et son entourage. Abdelmoumni souligne que « cette situation est devenue extrêmement difficile à gérer, compte tenu des crimes horribles commis par Israël et de leur condamnation rapide, même par les institutions occidentales et israéliennes ». Malgré la forte augmentation des critiques des positions officielles marocaines dans la rue et sur les réseaux sociaux, aucun signe d’explosion imminente n’est encore observé. Comme c’est toujours le cas avec les régimes répressifs, les explosions ne sont pas annoncées avant leur apparition sur le terrain, prévient l’opposant.

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