Par: Maamar Gani
L’Algérie a accueilli avec succès la dernière édition de la Foire du Commerce Intra-Africain (IATF), considérée comme le plus grand événement économique et commercial du continent africain. L’État algérien a mobilisé d’importants moyens matériels, logistiques et humains pour assurer la réussite de ce rendez-vous, devenu une véritable manifestation panafricaine. Des infrastructures modernes mises à la disposition des délégations, à l’organisation sécuritaire irréprochable, en passant par les plateformes numériques et les forums parallèles, tout a montré que l’Algérie voulait prouver sa capacité à jouer un rôle de premier plan en Afrique.
L’Algérie et sa place en Afrique
Le choix de l’Algérie comme pays hôte n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat de sa position stratégique : plus vaste pays d’Afrique, carrefour entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest. À travers cette organisation, l’Algérie a cherché à se positionner comme pont commercial et développemental reliant les différentes économies du continent.
La foire a également permis à l’Algérie de mettre en avant sa vision d’une intégration africaine basée sur l’indépendance économique et la coopération entre égaux. Alors que de nombreux pays africains aspirent à rompre avec les dépendances héritées de la colonisation, Alger s’est présentée comme un acteur engagé dans le renforcement de la coopération Sud–Sud, fondée sur la souveraineté partagée et les intérêts mutuels.
Des moyens importants mobilisés
Dès l’annonce de l’accueil de l’événement, toutes les institutions de l’État ont été mobilisées. Le Palais des Expositions d’Alger, le plus grand de la région maghrébine, a été mis à niveau pour accueillir des espaces modernes. Des facilités exceptionnelles ont été accordées aux délégations : visas simplifiés, vols directs, hébergements et transports.
La sécurité a été assurée au plus haut niveau, garantissant un environnement sûr pour des milliers de participants. En parallèle, des plateformes numériques ont été mises en place pour permettre aux exposants et visiteurs d’organiser leurs rencontres et de suivre les conférences.
Retombées pour l’économie algérienne
Sur le plan économique, la foire a ouvert de nouvelles perspectives pour les produits algériens qui cherchent à élargir leurs marchés hors de l’espace européen. Les secteurs de l’agroalimentaire, du pharmaceutique, des matériaux de construction ou encore de la pétrochimie ont pu rencontrer des partenaires africains.
Par ailleurs, l’Algérie s’est affirmée comme une destination d’investissement grâce à ses infrastructures : autoroutes, ports en développement comme celui d’El Hamdania, et projets ferroviaires reliant le pays aux États du Sahel. Tout cela démontre la volonté de l’Algérie de devenir un pôle régional du commerce et de l’industrialisation.
Une étape vers l’intégration africaine
Le commerce intra-africain reste faible, à peine 15 % du volume global des échanges, loin derrière l’Europe ou l’Asie. Ce déficit est lié au manque d’infrastructures et à la dépendance historique vis-à-vis des marchés extérieurs. La foire constitue donc une opportunité concrète pour renforcer la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), appelée à devenir la plus vaste zone de libre-échange au monde, avec un marché de 1,3 milliard d’habitants et un PIB combiné dépassant 3 400 milliards de dollars.
Coopération Sud–Sud et souveraineté
Un des axes majeurs de l’événement est la promotion de la coopération entre pays du Sud, loin des schémas de domination économique. L’Algérie, fidèle à son héritage politique de soutien aux mouvements de libération, veut traduire ce discours en initiatives économiques concrètes.
Les forums et salons africains sont plus que des vitrines commerciales : ce sont des pas décisifs vers une indépendance économique collective. Le message envoyé par Alger est clair : l’Afrique peut bâtir ses propres alternatives, fondées sur le partenariat et la complémentarité.
Gains politiques et stratégiques
L’organisation de la foire a renforcé le rôle politique de l’Algérie. Dans un contexte de rivalités régionales, notamment avec le Maroc, l’Afrique du Sud ou le Nigeria, Alger s’est affirmée comme un acteur crédible, doté d’une vision panafricaine et d’un passé de solidarité.
Cette visibilité accrue consolide sa place au sein de l’Union africaine et dans les négociations internationales, où l’Algérie aspire à parler d’égal à égal avec ses partenaires mondiaux.
Vers une vision africaine partagée
En conclusion, la Foire du Commerce Intra-Africain ne fut pas seulement un événement économique, mais une étape stratégique vers une Afrique plus intégrée et souveraine. L’Algérie, grâce à la réussite de son organisation, a démontré sa capacité à porter ce projet, en misant sur ses atouts géographiques, ses ressources et son capital politique.
L’avenir du continent dépendra de sa capacité à renforcer ses échanges internes et à bâtir des modèles de développement autonomes. Si cette dynamique se poursuit, le rêve d’une Afrique forte, unie et indépendante pourrait bien devenir réalité, portée par des initiatives concrètes comme celles d’Alger