الأربعاء 14 ماي 2025

L’Algérie et la Slovénie : Construire de nouvelles relations au cœur de l’Europe

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By: Ahmed achour
L’Algérie et la Slovénie : Construire de nouvelles relations au cœur de l’Europe

À une époque où les cartes de l’influence sont redessinées et où les certitudes anciennes s’effondrent sous l’effet de crises successives, les partenariats politiques ne sont plus uniquement dictés par la proximité géographique ou l’héritage historique, mais se construisent sur la base des intérêts croisés, de la vision souveraine et des préoccupations communes. Dans ce contexte, la relation croissante entre l’Algérie et la Slovénie émerge comme l’une des manifestations du profond changement dans l’approche de l’Algérie de ses relations internationales : un changement qui quitte l’espace de la dépendance classique vers l’Europe de l’Ouest pour explorer de nouvelles perspectives en Europe centrale, où la Slovénie, petit pays dans l’ombre, joue un rôle actif dans des domaines imbriqués tels que la politique, l’énergie et le transport.

Comment l’Algérie tisse-t-elle ces nouveaux liens en dehors de ses cercles traditionnels ? Et qu’est-ce qui fait de la Slovénie – malgré sa distance géographique – un partenaire potentiel dans un monde où les contours d’un nouveau système mondial se dessinent ?

Reportage : Amina Smatti

À la frontière entre la Méditerranée et les Alpes : un rapprochement inattendu

Les relations algéro-slaves n’ont pas occupé une place significative dans l’agenda diplomatique bilatéral au cours des dernières décennies, et la coopération est restée limitée au cadre multilatéral au sein des organisations internationales, sans se transformer en un partenariat stratégique clair. Cependant, en mars 2024, la capitale algérienne a connu un tournant notable lorsque la ministre des Affaires étrangères de Slovénie, Tanja Fajon, lors de sa visite officielle en Algérie, a annoncé la signature de cinq accords couvrant les domaines de la sécurité, la formation, l’enseignement supérieur, le tourisme et le transport maritime, soulignant que « l’Algérie représente une porte d’entrée vers la stabilité et la crédibilité dans la région méditerranéenne », selon ses déclarations rapportées par l’Agence de Presse Algérienne le 14 mars 2024.

Cette visite s’inscrivait dans un cadre préparatoire à la première réunion de la commission mixte entre les deux pays, qui s’est tenue en Algérie en avril de la même année, où le secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères, Amar Belani, a souligné que « ce dialogue bilatéral constitue une première étape dans la construction d’une relation équilibrée et durable avec un pays ami », comme l’indiquait un communiqué officiel publié sur le site web du ministère le 5 avril 2024.

Ce nouveau dynamisme dans les relations ne peut être dissocié des transformations géopolitiques mondiales depuis le déclenchement de la crise ukrainienne en 2022, qui a poussé certains pays européens à chercher des sources d’énergie alternatives fiables. L’Algérie, qui a été considérée, selon un rapport de l’Institut européen des relations internationales publié à Bruxelles en juillet 2023, comme « le partenaire énergétique le plus stable sur la rive sud », a commencé à se tourner au-delà du cercle traditionnel vers les pays d’Europe centrale, où la Slovénie représente un point de croisement stratégique entre les Balkans, l’Autriche et le nord de l’Italie.

À travers la porte de la Slovénie : l’Algérie diversifie ses alliances face aux changements mondiaux

Depuis 2019, la politique étrangère de l’Algérie a connu un grand tournant, avec l’expansion de ses partenariats internationaux au-delà de l’axe traditionnel dominé par l’Union européenne, en particulier la France et l’Italie. Ce changement n’a pas seulement été une conséquence d’un ajustement dans la diplomatie algérienne, mais aussi une réponse stratégique à une série de changements internationaux et régionaux, parmi lesquels la crise ukrainienne, qui a révélé la fragilité des équilibres traditionnels en Europe. L’Algérie, qui bénéficie d’une position géostratégique importante et de vastes ressources énergétiques, a compris l’importance de diversifier ses relations, ce qui l’a poussée à établir des partenariats avec des pays en dehors de son cercle traditionnel, comme la Slovénie, qui était initialement absente de l’agenda diplomatique algérien.

Bien que la Slovénie soit un petit pays, elle représente un point stratégique de grande importance au cœur de l’Europe centrale. Grâce à sa situation géographique, à son appartenance à l’Union européenne et à l’espace Schengen, la Slovénie offre à l’Algérie une nouvelle porte d’entrée vers les marchés de l’Europe de l’Est, tout en jouant un rôle central dans le domaine de l’énergie durable, ce qui en fait un partenaire idéal dans le contexte des transformations mondiales du secteur énergétique. Selon l’ex-diplomate algérien Ali Ben Said, dans une interview accordée à l’Agence de Presse Algérienne (16 avril 2024), « La Slovénie est un point de transit important pour les ressources énergétiques algériennes vers l’Europe de l’Est, surtout dans le cadre de la politique ambitieuse de l’Algérie visant à élargir sa part de marché dans les marchés mondiaux de l’énergie. »

De plus, ces rapprochements interviennent à un moment où l’Algérie cherche à diversifier ses investissements et à réduire sa dépendance vis-à-vis de ses partenaires traditionnels, ce qui se reflète dans son désir de construire des partenariats stratégiques avec des pays comme la Slovénie, qui jouit d’une grande crédibilité au sein de l’Union européenne. Cette orientation reflète une stratégie algérienne à long terme visant à renforcer sa souveraineté économique et politique, tout en recherchant un équilibre dans ses relations internationales, loin de tout alignement avec de grands blocs. Comme l’a déclaré l’ambassadeur algérien à Ljubljana, Abdelrahmane Ben Said, dans une interview exclusive au « Institut Algérien d’Études Stratégiques » (mars 2024) : « L’Algérie cherche à étendre son influence en Europe de l’Est, et la Slovénie nous offre cette opportunité grâce à sa position avancée et à sa crédibilité dans les transactions internationales. »

Ce tournant stratégique n’est pas un hasard, mais résulte de la prise de conscience par l’Algérie de l’importance de restaurer une partie de sa flexibilité géopolitique. À travers la Slovénie, l’Algérie peut renforcer sa position sur des enjeux clés tels que l’énergie, le commerce et la politique internationale, faisant d’elle un partenaire central pour construire un avenir plus stable dans la région européenne.

Perspectives du partenariat économique algéro-slovène

Le partenariat économique et commercial entre l’Algérie et la Slovénie représente une étape stratégique pour ouvrir de nouvelles perspectives de coopération à un moment où l’Algérie cherche à diversifier ses partenariats internationaux. Ce partenariat va au-delà des accords formels pour devenir une collaboration réelle qui pourrait faire une différence dans de nombreux domaines, surtout à l’heure actuelle où les tendances mondiales tendent à réduire la dépendance vis-à-vis des partenaires traditionnels.

Étant donné la position de la Slovénie en tant que centre économique au cœur de l’Europe, l’Algérie, qui cherche à étendre ses exportations au-delà de ses marchés traditionnels, considère la Slovénie comme une nouvelle porte d’entrée vers les marchés de l’Europe de l’Est. L’un des grands atouts de cette coopération réside dans la capacité de la Slovénie à faciliter l’accès des produits algériens aux marchés de l’Union européenne, qui comptent plus de 500 millions de consommateurs.

Commerce et investissements

L’un des domaines où l’Algérie pourrait bénéficier de son partenariat avec la Slovénie est l’augmentation du volume des échanges commerciaux. La Slovénie, qui est l’une des économies les plus stables d’Europe centrale, dispose d’un système bancaire développé et d’infrastructures solides, ce qui en fait un partenaire idéal pour accueillir les exportations algériennes de pétrole et de gaz, ainsi que des matières premières comme le phosphate et les dattes. Comme l’a souligné le Dr. Nour Eddine Bousif, expert en affaires économiques, dans une interview avec « Le Centre Arabe d’Études Économiques » (février 2024) : « La Slovénie représente un point de passage clé pour diriger les exportations algériennes vers les marchés de l’Est et du Centre de l’Europe, ce qui permettra à l’Algérie de saisir des opportunités économiques auparavant presque fermées. »

En ce qui concerne les investissements, l’Algérie cherche à attirer les entreprises slovènes spécialisées dans la technologie, les industries lourdes et les énergies renouvelables. La Slovénie, avec son expertise dans le secteur de l’énergie propre, représente une grande opportunité pour l’Algérie, qui cherche à investir dans les énergies renouvelables dans le cadre de sa Vision nationale 2030. L’expert algérien en énergie, Youssef Ben Taher, a déclaré à l’Agence de Presse Algérienne : « Grâce à ce partenariat, l’Algérie peut bénéficier de l’expertise slovène dans le développement de projets d’énergie solaire et éolienne, des domaines qui correspondent aux objectifs ambitieux de l’Algérie pour réduire sa dépendance aux combustibles fossiles. »

Les zones franches et la technologie

La coopération entre l’Algérie et la Slovénie dans le domaine des zones franches est l’un des points forts du partenariat économique entre les deux pays. La Slovénie, qui possède des compétences avancées dans la gestion des zones économiques franches, peut contribuer au développement de ces domaines en Algérie en soutenant les projets communs et en offrant des conseils techniques sur la manière d’attirer les investissements étrangers directs. De plus, dans le domaine de la technologie et de l’innovation, les entreprises slovènes spécialisées dans les technologies modernes peuvent aider à soutenir la transformation numérique en Algérie, qui est devenue l’une des priorités du gouvernement algérien ces dernières années.

Défis et opportunités

Malgré ces opportunités prometteuses, il convient de reconnaître que des défis persistent, car l’Algérie continue de faire face à certaines difficultés dans l’environnement des affaires locales, tant en termes de bureaucratie que de structure des marchés. Bien que la Slovénie soit un petit pays, elle fait face à des défis similaires en raison de la récession économique européenne et des pressions mondiales. Ainsi, la coopération entre les deux pays nécessite des efforts conjoints des gouvernements et une réflexion à long terme pour garantir des bénéfices mutuels.

Dans ce contexte, le Dr. Farhat Ben Aouda, expert économique algérien, a déclaré dans son intervention sur la chaîne Algérie Internationale (avril 2024) : « L’Algérie et la Slovénie doivent travailler main dans la main pour surmonter les obstacles qui pourraient entraver la coopération commerciale entre elles, notamment en ce qui concerne les réglementations douanières et la création d’un environnement d’investissement favorable aux investisseurs. »

Vers un partenariat durable

Le partenariat algéro-slovène représente une étape importante dans le renforcement des relations entre l’Algérie et l’Europe, dans un contexte mondial marqué par de grandes transformations. En mettant l’accent sur la coopération économique, commerciale et sécuritaire, ce partenariat semble prometteur pour affirmer la position de l’Algérie en tant que soutien principal à la stabilité régionale et internationale. En explorant de nouvelles perspectives pour le commerce et l’investissement, ainsi que la coopération sécuritaire conjointe face aux défis contemporains, l’Algérie et la Slovénie s’offrent mutuellement des opportunités considérables pour développer leurs relations et atteindre des intérêts réciproques à long terme.

L’Algérie, qui cherche à diversifier ses partenariats au-delà de ses alliés traditionnels, comprend parfaitement l’importance de ce partenariat qui pourrait servir de point de départ à une coopération stratégique accrue avec les pays d’Europe centrale et orientale. Comme c’est le cas dans toute coopération, il est nécessaire de faire preuve d’un engagement à long terme des deux parties pour surmonter les défis et atteindre les objectifs communs. Ce partenariat, dans ses dimensions économique, politique et sécuritaire, constitue un modèle vivant de relations internationales basées sur des intérêts partagés et une vision d’avenir.

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