Étrange époque que celle que nous vivons où le fasciste se dit démocrate et où le démocrate a peur de l’urne. Il y a presque trois décades, Ali Benhadj, alors n°2 de l’ex-FIS, ne se cachait pas pour déclarer, haut et fort, devant les caméras, que “la démocratie est kofr (impie)” alors qu’aujourd’hui il appelle, sur un ton des plus angéliques que l’on ne lui connaissait pas quand son parti, matrice de tous les terroristes qui ont mis à feu et à sang l’Algérie, était au faîte de sa puissance, au respect des différences. Et ce, au moment même où des “démocrates” – les guillemets indiquant le doute quant à la pertinence d’un tel qualificatif – s’allient ouvertement avec les partisans du n°2 de l’ex-FIS qui utilisent ostensiblement les marches du hirak pour, d’un côté, dédouaner leur parti de toute responsabilité dans les tragiques événements qui ont ensanglanté l’Algérie durant la décennie noire du terrorisme et, de l’autre, en faire porter celle-ci à l’Armée nationale populaire (ANP) et aux services de sécurité. Exercice exécrable auquel participent ces “démocrates” qui vont, pour certains, jusqu’à prendre le défense de Rachad, une organisation dirigée de l’étranger par Larbi Zitout, quasiment porte-parole officieux des groupes terroristes durant les années 90, qui officiait depuis les plateaux de la chaîne qatarie Al Jazeera, et Mourad Dhina, un des fondateurs du FIDA (Front islamique pour le djihad armé) qui s’était “spécialisé”, durant la même période, dans l’assassinat des intellectuels, journalistes et syndicalistes algériens. Comme pour montrer que cette honteuse alliance contre-nature n’a rien de conjoncturelle, les “ressuscités du parti dissous” et leurs alliés “démocrates” ont adopté la même position de rejet des Législatives du juin 2012. Et de revendication d’une période de transition comme solution, soutiennent-ils à l’unisson, à la crise politique que vit, selon eux, le pays. Sauf que cette étrange convergence de vues entre deux courants politico-idéologiques aux antipodes l’un de l’autre qui ne se gênent pas pour s’ériger en directeurs de conscience du peuple et à parler en son nom, n’est pas sans susciter moult interrogations sur ce qui la motive réellement. Surtout que les “ressuscités du parti dissous” et leurs alliés “démocrates” ne semblent avoir pour objectif que la chute du système; la revendication d’une période de transition, avec tout ce qui l’accompagne de demandes farfelues, de par son ferme rejet et par la majorité de la classe politique et du monde associatif nationaux, et par l’institution militaire, qui la rend pratiquement impossible à concrétiser, n’apparaissant, de ce fait, que comme un leurre visant à occulter l’objectif inavoué de cette alliance contre-nature. Partisans de la politique du vide: “on obtient la chute du système puis on avisera de ce qu’on fera”, ils apparaissent de plus en plus comme les “chargés d’une mission”; celle de la déstabilisation du pays comme prélude à son démembrement programmé. Et ce, comme l’attestent, on ne peut mieux, la virulence des attaques contre l’institution militaire et les services de renseignement constatée depuis la reprise des marches du hirak: les deux constituant, en effet, la colonne vertébrale de l’Etat national. Et, également, leur intention annoncée d’empêcher la tenue de l’élection législative du 12 juin prochain. Une prétention qu’ils affichent en prétextant que c’est là la volonté du peuple de ne pas vouloir aller aux urnes. Ce faisant, ils affichent leur mépris pour tous les Algériens – et ils sont autrement plus nombreux que tous les “ressuscités du parti dissous“ et leurs alliés “démocrates” – qui “ne marchent pas le vendredi”. Et qui, de ce fait, expriment, au moins, leur rejet des pernicieuses manœuvres des “chargés d’une mission”.
Mourad Bendris