Le deuxième anniversaire de ce qui est appelé le Hirak, vient d’être célébré. Sauf qu’il l’a été à deux dates différentes. Le 16 février, par sa frange qui s’inscrit résolument dans l’opposition au pouvoir en place et au Président Tebboune dont elle conteste la légitimité au prétexte qu’il a été imposé par les véritables détenteurs du pouvoir, les militaires, à savoir. Et le 22 du même mois, par le pouvoir. Et ce, dans la logique de sa constitutionnalisation de cette date comme “Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée”. Une double commémoration qui renseigne sur la réalité d’une situation politique particulièrement tendue. Mais, également, sur les manœuvres en sous-main qui visent à la déstabilisation du pays. En décidant de commémorer le deuxième anniversaire du Hirak, le 16 février et de faire – contre la vérité historique: Khenchela étant la plus à même pour revendiquer ce “titre” – de Kherrata, une ville de la wilaya de Béjaïa, le berceau de ce mouvement, l’opposition radicale au pouvoir en place a, selon tous les observateurs impartiaux de la scène politique nationale, voulu, tout à la fois, dénier à celui-ci toute prétention à s’en réclamer et, ainsi, confirmer son illégitimité, imposer définitivement la présence de l’emblème amazigh – et subrepticement, celui ressemblant du MAK, le mouvement séparatiste de Ferhat Mehenni aux accointances makhzéno-sionistes avérées – dans l’espace public national, et, fait essentiel, marquer sa détermination à atteindre, par des voies extra-légales: les manifestations de rue, à savoir, les objectifs qu’elle s’est tracée. Une manière, on ne peut plus claire, de clamer haut et fort son refus de s’inscrire dans la démarche proposée par le Président Tebboune d’aller vers le changement souhaité du système en place, progressivement et dans un cadre légal; celui de la constitution en vigueur, faut-il le rappeler. Et, partant, son rejet des prochaines législatives anticipées dont la tenue a été rendue possible par la décision du président de la République annoncée, il y a quelques jours, de dissoudre l’APN. La détermination de l’opposition radicale au pouvoir à aller au bout de sa suspecte logique s’est traduite hier, 22 février, et aujourd’hui, mardi 23, par sa réactivation des marches de contestation du système en place. Et uniquement cela, En clair, des marches qui ne s’inscrivent dans aucune célébration du deuxième anniversaire de ce qui est appelé le Hirak. Pour l’opposition en question, cette célébration a eu lieu le 16 du mois en cours: “Aujourd’hui – mardi 23 février -, nous ne sommes pas sortis pour commémorer le deuxième anniversaire du hirak mais pour poursuivre la Révolution”, ont, en effet, déclaré certains participants à la marche qui a eu lieu, aujourd’hui, à Alger.
Empêcher la tenue des Législatives anticipées?
Ce qui n’a pas manqué de susciter moult interrogations sur cet entêtement des “démocrates autoproclamés” – ils clament, en effet, sur tous les toits que leur objectif essentiel est l’instauration d’un système réellement démocratique en Algérie – à vouloir imposer l’ouverture d’une période de transition – sur la durée de laquelle, ils sont par trop évasifs – que dirigerait une instance présidentielle dont les membres seraient désignés – par qui? ils évitent soigneusement de le préciser – comme “solution à la crise multidimensionnelle que vit, soutiennent-ils, l’Algérie”. Ces exigences ont été, d’ailleurs, très clairement exprimées par le président du RCD, Mohcine Belabbas, le 16 février dernier, à Kherrata. Pour des “démocrates” qui n’hésitent pas à parler, en toute occasion, au nom du peuple algérien, c’est vraiment intrigant. A moins que leur objectif réel ne soit tout autre. De plus en plus d’Algériens sont enclins à le croire. Qui pensent fort justement que lorsqu’on revendique avoir derrière soi la majorité du peuple algérien, on ne doit pas avoir peur des élections. Bien au contraire, on doit être les premiers à exiger leur tenue. Ce qui est loin d’être le cas pour nos “démocrates autoproclamés ». Ces derniers semblent n’avoir qu’un seul objectif – apparent, faut-il le préciser – dans l’immédiat. Celui d’empêcher la tenue des élections législatives anticipées auxquelles à appeler le Président Tebboune. Pour les partisans de cette thèse, qui ne sont pas peu nombreux, la participation des partis de l’opposition radicale au pouvoir en place à cette élection, ne manquera pas, soutiennent-ils, de révéler le poids réel dans la société de chacun d’entre eux. Une perspective que les “démocrates autoproclamés” redoutent au plus haut point: ramenés à leur réelles – et modestes – dimensions par des élections transparentes, ils perdront assurément un artifice dont ils ne cessent d’abuser; celui de s’ériger, en toute occasion et partout, en porte-parole du peuple algérien. Nous avons écrit plus haut que ces “démocrates autoproclamés” “semblent n’avoir qu’un seul objectif dans l’immédiat”. Tout indique, en effet, que ce n’est pas là leur seul objectif. L’une dans l’autre, leur insistance à vouloir imposer une période de transition et leur rejet de toute élection poussent fortement à croire à l’existence d’un objectif autrement plus dangereux pour l’Algérie: une instabilité prolongée ne peut, en effet, que conduire le pays au chaos…
Mourad Bendris