الثلاثاء 13 ماي 2025

Les ports parlent algérien : Une passerelle stratégique vers le cœur du Vieux Continent

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By: Ahmed achour
Les ports parlent algérien : Une passerelle stratégique vers le cœur du Vieux Continent

Sur les côtes de la mer Méditerranée, là où les civilisations se rencontrent et les cultures se mélangent, les ports algériens se dressent comme des éléments vitaux dans le tissu du commerce international. Parmi ces ports, ceux d’Alger, d’Oran et d’Annaba se distinguent en tant que carrefours stratégiques qui ouvrent les portes du monde aux exportations algériennes. Cependant, aujourd’hui, les espoirs ne se limitent pas à cette connexion traditionnelle, mais les ports slovènes, au cœur de l’Europe, représentent une nouvelle voie qui redéfinit la carte commerciale entre l’Afrique du Nord et le Vieux Continent.

Grâce à la coopération croissante entre l’Algérie et la Slovénie, les portes de l’Europe se réouvrent pour l’Algérie, non seulement à travers les ports français et italiens, mais aussi via des ports slovènes tels que celui de Koper, qui est devenu un centre d’attention mondiale. Cette nouvelle route maritime reliant l’Algérie à la Slovénie ouvre des horizons économiques inédits pour l’Algérie, en dépassant les barrières traditionnelles et en plaçant le pays au cœur de l’équation commerciale européenne.

L’Algérie parviendra-t-elle, grâce à cette coopération maritime, à réaliser son rêve d’étendre la portée de ses exportations et d’accéder à de nouveaux marchés ? Le transport maritime sera-t-il la clé qui ouvrira de nouvelles portes à l’Algérie pour son développement économique, ou bien les défis continueront-ils d’entraver cette ambition ? Dans ce reportage, nous plongeons au cœur de cette dynamique économique, en explorant les opportunités et les défis que ces nouveaux ports pourraient offrir à l’Algérie dans son expansion commerciale au cœur de l’Europe.

Reportage : Amina Smatti

Les ports algériens : La porte de la Méditerranée

Port d’Alger, Oran et Annaba :

Les trois principaux ports algériens, à savoir le port d’Alger, le port d’Oran et le port d’Annaba, constituent l’épine dorsale du commerce maritime en Algérie, reliant le pays au monde via la mer Méditerranée. Ces ports ne se contentent pas d’être des points de transit pour les marchandises, mais ils sont des carrefours économiques stratégiques qui contribuent de manière significative aux échanges commerciaux de l’Algérie, tant au niveau national qu’international.

Le port d’Alger, selon le rapport de l’Entreprise Portuaire Algérienne (2023), est le plus grand et le plus important du pays. Il est situé dans une position stratégique sur la côte occidentale de la mer Méditerranée et constitue la principale porte d’entrée de l’Algérie vers l’Europe et le reste du monde. Il offre une gamme de services variés, notamment le transport commercial de marchandises générales et de grands projets, tout en accueillant de grands navires en provenance des marchés européens et asiatiques.

Quant au port d’Oran, il est le deuxième plus grand port de l’Algérie en termes de taille et d’activité. Selon le rapport du Ministère des Transports Algérien (2022), il est situé sur la côte ouest du pays et se distingue par la diversité de ses activités commerciales. Ce port est le principal centre d’expédition des matières premières, notamment celles exportées vers l’Europe. Il bénéficie d’un emplacement géographique favorable qui facilite les échanges commerciaux avec la Méditerranée et constitue une porte d’entrée pour les exportations algériennes vers les marchés africains et occidentaux.

Le port d’Annaba, quant à lui, d’après les rapports annuels de l’Entreprise Portuaire Algérienne, est l’un des ports clés du nord de l’Algérie. Il est situé dans le nord-est du pays et est principalement destiné à l’exportation de phosphate et de produits minéraux. Ce port est un centre névralgique pour l’exportation des produits industriels lourds et joue un rôle majeur dans le commerce avec l’Europe, en particulier dans les secteurs de l’extraction minière et des industries lourdes.

Les principales activités commerciales :

Les ports algériens jouent un rôle central dans le réseau commercial mondial de l’Algérie, qui dépend largement des exportations de pétrole et de gaz naturel, ces derniers représentant les principales sources de revenus nationaux. Selon le rapport du Ministère de l’Énergie et des Mines Algérien (2023), le pétrole brut et le gaz naturel sont reçus au port d’Alger, d’où d’énormes quantités sont exportées vers les marchés européens et asiatiques.

En plus du pétrole et du gaz, le phosphate est l’un des produits de base exportés par les ports algériens, notamment par le port d’Annaba, qui consacre une grande partie de sa capacité à ce minerai stratégique, comme l’indique une étude économique du Centre National de la Statistique (2022). Le phosphate est un élément clé qui contribue au renforcement de l’économie nationale et fait partie des produits connaissant une demande croissante sur les marchés mondiaux.

Au fil du temps, l’Algérie s’efforce de diversifier ses exportations, et des efforts constants sont déployés pour élargir la gamme de produits exportés à travers le développement des industries locales. Les produits agricoles, tels que les dattes et les légumes, ainsi que les engrais et les produits industriels, représentent désormais de réelles opportunités pour renforcer le commerce maritime, comme l’indique le rapport du Groupe Industriel Agricole (2023). Ces efforts témoignent de l’engagement de l’Algérie à diversifier sa base d’exportations, renforçant ainsi sa position commerciale en Méditerranée.

La Slovénie : Un passage vers l’Europe par la mer

La Slovénie est située à la croisée des chemins du commerce maritime et terrestre entre la mer Méditerranée et l’Europe centrale, ce qui en fait un point de transit stratégique dans le système de transport européen. Cette position géographique unique confère à la Slovénie un rôle qui dépasse sa taille et ses frontières, faisant de ses ports des portes vitales pour les marchandises en provenance du sud de la Méditerranée, en direction de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Hongrie, ainsi que de la République tchèque et de la Slovaquie.

Selon le rapport de la Commission européenne sur les transports et les services logistiques (2022), la Slovénie constitue l’une des pierres angulaires du réseau de transport intégré entre le nord et le sud, notamment via le « corridor vert » qui relie la mer Adriatique aux centres industriels de l’Europe centrale. Cela explique l’intérêt croissant des entreprises européennes pour l’utilisation de ses ports comme points de déchargement principaux pour les marchandises en provenance d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.

L’importance de cette localisation se renforce particulièrement dans le contexte algérien, car les cargaisons en provenance d’Algérie trouvent dans les ports slovènes un point d’entrée naturel vers le cœur de l’Europe, leur permettant d’éviter les congestions des ports du nord de l’Europe et de réduire ainsi les coûts de transport et le temps de transit.

Les principaux ports de Slovénie :

Au cœur de ce rôle stratégique, le port de Koper se distingue, étant le seul port maritime de la Slovénie sur la mer Adriatique. Bien que sa longueur côtière ne dépasse pas 46 kilomètres, Koper est devenu un nœud logistique avancé, accueillant chaque année des millions de tonnes de marchandises en provenance de divers continents.

Selon le rapport annuel de l’Agence Slovène des Ports et de la Logistique (2023), le port de Koper est considéré comme la porte la plus efficace pour les marchandises destinées à l’Europe centrale et orientale, grâce à ses infrastructures modernes et à sa connexion directe avec les réseaux ferroviaires européens. Il se distingue également par sa capacité à traiter divers types de conteneurs et de marchandises, allant des matières premières aux produits agricoles et industriels.

Le port a connu ces dernières années d’importantes expansions de ses quais et de ses services numériques, ce qui en a fait une destination privilégiée pour les grandes entreprises de transport maritime, surtout face à la concurrence croissante des ports d’Italie et de Croatie.

Pour l’Algérie, ce port ouvre de nouvelles perspectives pour la commercialisation de produits algériens, tels que les dattes, les légumes, les produits chimiques et miniers, vers les marchés d’Europe de l’Est avec plus de rapidité et d’efficacité.

Caravane à travers la mer : scénario d’une cargaison algérienne à l’ère du transit intelligent

Tôt le matin, un camion frigorifique massif quitte l’entrepôt de dattes dans la wilaya de Biskra, chargé de tonnes de « DegletNour », ce joyau doré qui scintille sous le soleil du désert. Le camion traverse le réseau autoroutier national en direction du port d’Alger, où un porte-conteneurs l’attend, prêt à prendre la mer vers la mer Adriatique.

Le voyage maritime commence après les formalités douanières, passant par le détroit de Sicile, puis se dirige vers l’est, en direction du port slovène de Koper. La traversée dure environ 4 à 5 jours, un délai record comparé aux expéditions vers les ports de l’Europe du Nord, ce qui réduit les coûts en termes de temps et d’argent, selon le rapport de la Banque mondiale sur l’efficacité du transport dans la région méditerranéenne de 2022.

À l’arrivée de la cargaison au port de Koper, les conteneurs sont rapidement déchargés grâce au système numérique intelligent mis en place par le port, et sont directement chargés sur des trains de fret à destination de Vienne, Budapest ou Munich. En moins de 72 heures, les dattes algériennes sont sur les étagères des magasins européens, conservant leur qualité et leur fraîcheur comme si elles avaient été récoltées le matin même.

Cette chaîne logistique n’était pas possible il y a quelques années, mais elle se concrétise aujourd’hui grâce à un accord politico-économique entre l’Algérie et la Slovénie, et à un nouvel intérêt pour l’activation des « corridors Méditerranée-Europe » comme alternatives stratégiques aux routes traditionnelles. L’initiative s’inscrit dans ce que les experts en transport européens ont appelé le « corridor sud vert », comme l’a mentionné le document de l’Union européenne sur l’avenir des ports méditerranéens en 2023.

Cependant, la question ne se limite pas uniquement à la rapidité et au profit, mais à la redéfinition du positionnement de l’Algérie sur la carte économique de l’Europe. Plutôt que d’être simplement un fournisseur primaire de matières premières, l’Algérie commence à réexporter son identité productive par une force douce investissant dans la qualité, le transport intelligent et les nouvelles routes.

Le président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-européenne a déclaré l’année dernière que « les partenariats de l’Algérie dans le domaine de l’exportation via la Slovénie sont une étape stratégique qui redessinera le commerce régional en Afrique du Nord et donnera à l’Algérie une position compétitive sur les marchés de l’Europe centrale ».

Ce n’est pas simplement le voyage d’une cargaison… c’est un voyage vers un nouveau positionnement économique, où l’Algérie, à travers la mer, se redéfinit non pas comme une partie subordonnée, mais comme un acteur régional avancé, qui raccourcit les distances et crée des opportunités.

Défis et opportunités : l’Algérie à la croisée des nouveaux corridors commerciaux

Le long du littoral s’étendant d’Annaba à l’est à Oran à l’ouest, l’Algérie frappe aujourd’hui aux portes de l’Europe par la mer. Cependant, ce chemin n’est pas pavé uniquement de corridors sûrs ; il est jalonné de défis structurels et organisationnels auxquels le pays est confronté, tout en offrant des opportunités stratégiques prometteuses qui laissent entrevoir une transformation significative du positionnement de l’Algérie, passant de simple exportateur à acteur logistique régional.

Alors que les plans de coopération avec les ports slovènes, notamment via le port de Koper sur l’Adriatique, progressent, ces ambitions se heurtent à plusieurs obstacles identifiés par des rapports économiques internationaux et locaux. Selon le rapport du Forum africain sur le transport et les services logistiques (2023), le système portuaire algérien souffre encore de goulets d’étranglement opérationnels qui entravent la fluidité souhaitée dans les mouvements d’exportation.

Les infrastructures et les défis de l’ère numérique

L’un des principaux défis réside dans le manque d’intégration des systèmes numériques douaniers, ce qui ralentit le traitement des cargaisons dans les ports algériens par rapport à leurs homologues européens. Aggravant cette situation, l’absence de connexion efficace entre les ports et les réseaux terrestres nationaux crée un fossé entre la production intérieure et les centres d’exportation côtiers, comme le souligne le rapport de la Banque africaine de développement de 2022. À cela s’ajoutent des procédures administratives complexes qui prolongent le temps de transit des marchandises et affaiblissent l’attractivité des ports algériens en tant que hubs logistiques internationaux.

Cependant, des opportunités au-delà de la mer

Néanmoins, ce paysage n’est pas dénué de réelles opportunités stratégiques. L’intégration de l’Algérie dans les corridors maritimes vers l’Europe centrale via l’Adriatique lui offre une nouvelle marge de manœuvre, hors du cadre traditionnel des ports français et espagnols. Cette diversification des destinations, comme le stipule les recommandations du Centre d’études méditerranéennes européen (CEMI) de 2023, constitue une porte d’entrée essentielle pour ouvrir de nouveaux marchés aux produits algériens, notamment agricoles et miniers, qui n’avaient auparavant pas accès facilement à l’Europe de l’Est et centrale.

Vers un hub logistique Afrique-Méditerranée?

Le tournant imposé par la carte du commerce mondial aujourd’hui rend le développement des infrastructures algériennes non seulement une nécessité locale, mais aussi une composante d’une course régionale pour se positionner au cœur du réseau de transit continental. L’économiste Bachir El Karoui a indiqué, dans un entretien avec La Tribune Afrique (avril 2024), que « l’Algérie possède toutes les ressources géographiques et humaines pour passer de fournisseur de matières premières à un point de transit stratégique pour le commerce international vers l’Afrique ».

Ainsi, la route entre l’Algérie et la Slovénie ne se résume pas simplement à une ligne de transport maritime, mais devient un modèle réduit de l’enjeu plus vaste : faire de l’Algérie non seulement un pays exportateur, mais un pays de transit — distribuant, créant et connectant. Entre défis et possibilités, le pays se trouve à un moment de vérité : réussira-t-il à enraciner ses pieds dans la mer et devenir véritablement une porte continentale ? Ou manquera-t-il cette opportunité dans un temps qui n’attend pas les indécis?

Du port à la profondeur : L’Algérie, un acteur logistique émergent

Ces dernières années, l’Algérie ne se contente plus de son rôle de « fournisseur », elle commence à envisager sa position en tant que passage vital au cœur de la Méditerranée, reliant l’Afrique à l’Europe, et le désert aux marchés mondiaux. Entre le port d’Alger et le port de Koper, les premières étapes de la transformation logistique se dessinent, plaçant l’Algérie au centre de la nouvelle carte maritime.

Une vision nationale en cours de réalisation

Selon le rapport de l’Institut méditerranéen des transports (MIT 2024), l’Algérie fait partie des pays qui ont déjà entrepris la modernisation de leurs ports et leur connexion avec leur environnement continental et international, dans le cadre d’un plan qui combine le renforcement des infrastructures, le développement des mécanismes de gestion et une ouverture mesurée aux partenariats. Ce plan n’est pas le fruit du hasard, mais le prolongement d’une orientation souveraine visant à bâtir une économie plus diversifiée et ouverte.

La numérisation et l’innovation : La prochaine étape

La transformation numérique dans le secteur du transport maritime et douanier est l’une des priorités de la prochaine phase. Selon une étude de la Banque africaine de développement (2023), l’Algérie dispose des compétences et des structures nécessaires pour mener une expérience régionale réussie en matière de numérisation des services logistiques, rendant ses ports intelligents, rapides et sécurisés. Les réussites observées au port d’Oran et au port de Ghazaouet représentent des indicateurs positifs sur la bonne voie.

Des partenariats complémentaires, pas de dépendance

Le rapprochement avec les ports de l’Adriatique, comme celui de Koper, ne signifie pas une dépendance, mais une opportunité de bâtir un axe commercial commun qui serve les intérêts des deux parties et renforce l’intégration Sud-Nord. Les autorités slovènes ont exprimé, selon le journal Delo (édition de mars 2025), un intérêt particulier pour les produits frais algériens, les matières premières et les services logistiques transcontinentaux, qualifiant l’Algérie de « porte logistique idéale pour les marchés africains ».

Investir dans les compétences : Un pari gagnant

La formation des cadres algériens spécialisés dans les domaines du transport, de la logistique et de la gestion des ports est au cœur de cette transformation. À cet égard, le gouvernement, en collaboration avec des partenaires internationaux, œuvre à l’expansion des programmes de formation maritime et technique, envoyant des ingénieurs jeunes dans des expériences européennes et asiatiques, en vue de transférer les compétences et de diriger la transformation de l’intérieur.

Quand l’Algérie traverse la mer, chargée d’une vision, et non de simples marchandises

La question n’est pas seulement une affaire de ports, de navires et de cargaisons, mais une lutte symbolique pour positionner l’Algérie sur la nouvelle carte mondiale. Chaque conteneur quittant le port d’Alger, d’Annaba ou d’Oran, chaque tonne de phosphate, de dattes ou de fer traversant la Méditerranée, est en réalité un message politico-économique qui annonce que l’Algérie n’est plus sur la marge, ni en périphérie des corridors, mais au cœur de ceux-ci.

Lorsqu’elle ouvre ses ports sur la mer, l’Algérie ne les ouvre pas seulement pour le commerce, mais pour l’intégration, pour redéfinir les équilibres en Méditerranée. Lorsque des partenariats logistiques sont tissés avec la Slovénie, il ne s’agit pas seulement du passage de dattes ou de phosphate, mais du passage d’une nouvelle philosophie de souveraineté économique, qui repose sur le contrôle des routes et non sur la soumission au destin.

Le temps où l’Algérie était simplement un point de transit pour l’exportation de matières premières est révolu. Aujourd’hui, elle se transforme en un acteur logistique intelligent, construisant ses relations sur un pied d’égalité et dans le respect mutuel. Du port d’Alger au port de Koper, de la mer aux Alpes, se construit progressivement un réseau d’intérêts, avec pour devise : une économie qui bouge, une souveraineté qui s’étend, et des horizons façonnés à la croisée de la géographie et de la politique.

Et peut-être que la scène la plus belle dans tout cela est cette petite cargaison de dattes algériennes, qui a traversé la mer pour entrer en Europe par la porte de la Slovénie… Elle parle le langage des marchés, mais elle annonce quelque chose de plus profond : que l’Algérie ne se contente plus d’exporter… elle traverse.

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