الجمعة 06 جوان 2025

L’ONU accuse le Maroc de démolitions massives d’habitations et de déplacements de population sahraouie dans les territoires occupés du Sahara occidental

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L’ONU accuse le Maroc de démolitions massives d’habitations et de déplacements de population sahraouie dans les territoires occupés du Sahara occidental

Alors que l’attention internationale se concentre sur l’opération militaire israélienne à Gaza et en Cisjordanie, l’ONU accuse le Maroc de mener une « campagne de grande ampleur » contre la population autochtone sahraouie dans les territoires occupés du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole occupée par Rabat depuis 1975 et dernier territoire africain en attente de décolonisation.

Dans un rapport publié ces derniers jours, huit rapporteurs spéciaux de l’ONU dénoncent la campagne de répression, de discrimination raciale et de violence menée par le Maroc contre les défenseurs des droits humains, les journalistes et les défenseurs de l’autodétermination au Sahara occidental, avec 79 victimes comme cas de référence. Destruction de maisons et expulsions forcées

« Selon les informations reçues, les autorités marocaines ont mené une vaste opération d’acquisition de terres le long de la côte du Sahara occidental. Cette opération a impliqué la destruction de propriétés privées et des expulsions forcées, principalement d’habitations sahraouies situées près de la mer. L’opération viserait à libérer la zone pour des projets d’énergie éolienne, d’hydrogène vert et de tourisme », indique le document.

Les experts exhortent le Maroc à « fournir des informations sur les mesures prises pour offrir une indemnisation adéquate ou un logement de remplacement, ainsi que des recours juridiques, aux personnes et aux familles touchées par les démolitions et les expulsions forcées, et pour empêcher de nouvelles démolitions et expulsions forcées.» Ils rappellent également à la monarchie du Roi Mohammed VI ses obligations internationales en matière de droits humains et l’exhortent à « garantir que le peuple du Sahara occidental puisse exercer pleinement son droit à l’autodétermination, conformément au droit international.» Le Maroc démolit des dizaines de maisons sahraouies dans les territoires occupés du Sahara occidental.

Les rapports exigent également que le régime alaouite cesse immédiatement les démolitions et les expulsions forcées qui touchent des centaines de familles sahraouies dans les territoires occupés du Sahara occidental. Selon les experts, ces actions s’inscrivent dans une stratégie systématique d’accaparement des terres pour le déploiement de projets d’énergie verte, de tourisme et d’infrastructures, le tout sans le consentement du peuple sahraoui.

El Independiente avait déjà dénoncé ces pratiques l’année dernière. Utilisant des bulldozers et sans décision de justice, les opérations ont eu lieu à l’aube, cherchant à éviter toute résistance ou l’attention médiatique. « Ils nous ont dit de sortir et que ce qu’il y avait à l’intérieur n’avait aucune importance », a raconté un témoin.

Ils ont été incendiés

Selon les données recueillies par l’ONU, les opérations s’étendent le long de la côte atlantique du Sahara occidental : Lamside, Agte Baba Ali, Boulemaayrdat, Foum El Oued et les zones proches de Ouad Saquiat al Hamra. Des centaines de maisons ont été détruites, parfois par des incendies déclenchés par les forces auxiliaires elles-mêmes, selon les témoignages recueillis dans le rapport.
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L’une des zones les plus sensibles est Boulemaayrdat, une plage traditionnellement utilisée par les familles sahraouies pour leurs vacances d’été. L’utilisation de ces maisons était un élément important de la culture sahraouie, car elles servaient de lieu de repos loin de la ville et de la forte présence policière et militaire marocaine à Laâyoune.

Depuis novembre 2010, suite au démantèlement du camp de Gdeim Izik, les autorités marocaines interdisent aux Sahraouis de passer la nuit dans ces bâtiments, n’autorisant les visites que pendant la journée et exigeant leur départ avant le coucher du soleil. Les autorités marocaines ont commencé à incendier ces maisons en février 2022 et ont continué jusqu’en février 2024. Parmi les témoignages, celui d’El Fakir Bombi : lorsqu’il a demandé du temps pour démanteler la maison qu’il avait laborieusement construite, la réponse a été l’incendie. Comme lui, des dizaines d’autres propriétaires ont été contraints de partir tandis que leurs biens brûlaient. « Bombi s’est précipité pour sortir sa voiture du garage et s’éloigner du feu, qui a rapidement englouti la cabane et détruit le reste de ses biens », indique le rapport. « Favoriser les colons marocains »

Les ONG ayant déposé la plainte, dont la CODESA, l’ASVDH et le Groupe de travail sur les droits de l’homme au Sahara occidental occupé, soulignent que l’objectif ultime est de modifier la démographie du territoire occupé. « L’objectif est d’éradiquer toute trace du peuple sahraoui et d’encourager l’installation de colons marocains », dénoncent-elles. La pression se traduit non seulement par des expulsions, mais aussi par des violences, des intimidations et une surveillance constante.

Le Maroc nie toutes les accusations. Dans sa réponse à l’ONU, le gouvernement a affirmé qu’il s’agissait d’une campagne de diffamation menée par ceux qui « politisent les procédures spéciales de l’ONU ». Cependant, les chiffres indiquent une escalade : les huit rapporteurs ont recensé 79 cas de répression directe contre les Sahraouis et ont souligné que « la situation s’est aggravée ». Parallèlement, des multinationales comme Enel, Engie et GE Vernova développent des projets d’énergie renouvelable dans les mêmes zones évacuées, sans consulter ni obtenir le consentement du peuple sahraoui, comme l’exige le droit international. Ils ont rappelé les arrêts de la Cour européenne de justice d’octobre dernier, qui ont déclaré illégaux les accords de pêche et d’agriculture.

« L’impunité est totale. Le Maroc continue de punir la population simplement parce qu’elle est sahraouie, sans aucune protection internationale », avertissent les organisations qui publient le rapport. « Le rapport dénonce la persécution systématique et généralisée des militants et défenseurs sahraouis. Cependant, il ne fait que commencer à révéler la répression quotidienne et implacable subie par le peuple sahraoui au Sahara occidental occupé », affirment-ils, après avoir dénoncé le black-out médiatique total sur le territoire. « L’ONU se voit refuser l’accès au territoire depuis près d’une décennie, laissant les protections des droits humains inexistantes et abandonnées. »

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