mardi, 7 octobre, 2025

Maroc : la jeunesse brise la peur et défie le pouvoir

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Maroc : la jeunesse brise la peur et défie le pouvoir

Les protestations du « génération Z » qui secouent les rues du Maroc depuis dix jours ne sont plus de simples manifestations revendicatives. Ce qui se déroule aujourd’hui est l’explosion d’une conscience collective d’une génération qui n’a plus peur et qui ne croit plus aux promesses d’un système ayant épuisé son langage et sa crédibilité.
Une génération née dans l’ère des grandes promesses, mais qui s’est retrouvée prisonnière de crises successives : flambée des prix, chômage massif, effondrement de l’éducation et de la santé, et mainmise des élites proches du pouvoir sur les richesses et les décisions.

Les slogans des manifestants ne s’adressent plus uniquement au gouvernement. Chaque jour qui passe élargit le cercle de la colère pour englober le système makhzénien dans son ensemble, y compris le sommet de la pyramide politique dont le prestige symbolique s’est considérablement affaibli.
La nouvelle génération ne fait plus la distinction entre l’échec du gouvernement et la rigidité du système ; elle voit dans les deux les deux faces d’un même pouvoir, qui reproduit la crise depuis des décennies, profitant de la peur, de la censure et des médias dociles.

Ce mouvement se distingue par le fait qu’il agit en dehors des structures de loyauté traditionnelles. Il n’attend ni l’autorisation d’un parti ni la bénédiction d’un leader ; il s’organise dans des espaces numériques ouverts, le rendant insaisissable pour toute tentative de récupération ou de répression.
C’est une révolution douce de la conscience, qui n’a pas besoin de violence pour produire son effet : elle suffit à placer le pouvoir face à sa vérité : une génération entière ne fait plus confiance et ne vénère plus les symboles.

Le régime marocain traverse aujourd’hui l’une des périodes les plus critiques depuis les manifestations de 2011. Les tentatives d’apaisement à travers les médias ou le discours de « réformes progressives » ne convainquent plus personne.
Le pouvoir se trouve désormais devant deux options : soit s’ouvrir réellement et offrir des concessions tangibles en matière de libertés, de justice sociale et de lutte contre la corruption, soit affronter une génération qui ne se tait plus et n’oublie rien.

Les protestations s’apaiseront peut-être temporairement, mais elles ont révélé la fragilité de l’équilibre sur lequel repose le système de pouvoir au Maroc.
La génération Z n’est pas venue renverser un homme, mais abattre le mur de la peur et rappeler que la légitimité ne se transmet pas : elle se mérite chaque jour par la confiance du peuple et la justice des politiques publiques.

Ce qui se joue aujourd’hui n’est pas une simple révolte contre l’autorité, mais la naissance d’une nouvelle conscience politique qui redéfinit la relation entre l’État et la société.
La génération numérique, née dans le silence d’Internet, a enfin décidé de parler… et rien n’indique qu’elle soit prête à se taire de nouveau.

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