Wednesday, 27 August 2025

Mohammed VI vit ses derniers jours sur le trône du Maroc et clôt une mauvaise période de règne sans que le conflit qui l’entoure ne soit résolu

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Mohammed VI vit ses derniers jours sur le trône du Maroc et clôt une mauvaise période de règne sans que le conflit qui l’entoure ne soit résolu

Pour la première fois, un grand média français, Le Monde, se penche publiquement sur ce qui semble être une période charnière du règne de Mohammed VI. Ce premier volet d’enquête explore les tensions, les repositionnements et les inquiétudes qui agitent les sommets du pouvoir au Maroc.

Le quotidien évoque une « atmosphère de fin de règne » s’installant progressivement, tandis que d’autres analystes décrivent plutôt une phase de transformation. Cette période verrait se croiser plusieurs dynamiques : la santé fluctuante du roi, le rôle grandissant du prince héritier et des rivalités internes toujours plus visibles.

Âgé de 62 ans, Mohammed VI alterne depuis quelques années entre de longues absences et des apparitions publiques soigneusement mises en scène, mais parfois incohérentes. Ces efforts ne suffisent cependant pas à dissiper les doutes sur sa disponibilité réelle. De son côté, le prince héritier Moulay El Hassan, âgé de 22 ans, occupe une place de plus en plus marquée dans l’espace public, notamment via des visites officielles et sa récente promotion sur le plan militaire.

Les tensions internes ne sont pas en reste. L’influence passée des frères zaitar, sportifs controversés qui avaient suscité la méfiance des élites traditionnelles, s’est peu à peu éclipsée. Cependant, une série d’attaques cybernétiques a récemment exposé des informations sensibles sur le patrimoine de hauts responsables marocains. Un groupe se présentant sous le nom de « JabaRoot DZ » a revendiqué ces fuites. Si leur signature fait référence à l’Algérie, beaucoup y voient plutôt le fruit de rivalités internes au Maroc, masquées par cette apparente ingérence extérieure.

Un fait marquant est également la réapparition de Lalla Salma, l’ex-épouse du roi. Après une longue absence publique, elle a été aperçue aux côtés de son fils, alimentant les spéculations sur son éventuel rôle futur dans l’entourage du prince héritier.

Sur le plan économique, Aziz Akhannouch, chef de gouvernement et homme d’affaires influent, incarne la perméabilité entre pouvoir politique et intérêts privés. Ce « capitalisme d’interconnivences » suscite un profond mécontentement parmi la population, même si la monarchie elle-même demeure protégée par son statut sacré. Les critiques visant directement Mohammed VI sont ainsi souvent déviées vers ses collaborateurs.

En conclusion, Le Monde décrit un climat teinté de fin de règne. D’autres voix perçoivent néanmoins une recomposition complexe, marquée par des luttes d’influence en coulisses à l’approche de la succession.

D’un point de vue économique, le règne de Mohammed VI illustre une imbrication croissante entre la monarchie et les affaires. La holding royale Siger, active dans des secteurs clés comme la banque, l’énergie, l’agriculture et l’immobilier, reflète cette emprise croissante sur l’économie nationale. Des accords stratégiques, tels que celui signé en 2024 avec le groupe émirati TAQA pour 12 milliards d’euros, mettent en lumière l’influence directe du palais dans les grandes décisions économiques.

Aziz Akhannouch illustre parfaitement cette convergence entre politique et économie en tant que Premier ministre et président du groupe Akwa. Des marchés publics majeurs attribués à ses entreprises, comme celui du dessalement à Casablanca, ont déclenché des accusations de conflit d’intérêts. Bien qu’il rejette ces allégations, sa double fonction reste au cœur des critiques.

Même certains médias réputés proches du palais, comme Le360, n’hésitent pas à attaquer Akhannouch. Cela reflète une stratégie bien rodée : canaliser la frustration populaire vers les responsables politiques tout en préservant l’image du roi. Ce mécanisme profondément ancré dans la tradition politique marocaine continue de fonctionner efficacement.

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