الاثنين 12 ماي 2025

Quand la “diplomatie” devient une intrusion sécuritaire : L’Algérie dénonce les dérives de Paris au nom de la souveraineté

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By: Amina Smatti
Quand la “diplomatie” devient une intrusion sécuritaire : L’Algérie dénonce les dérives de Paris au nom de la souveraineté

Dans les méandres de l’Histoire, certains pourraient croire que les relations internationales se réduisent à des protocoles de courtoisie, aux sourires et aux banquets officiels. Mais la vérité nue rappelle, à maintes reprises, que la souveraineté n’est pas un simple ornement symbolique des États. Elle est un bouclier discret qui protège la nation des coups de poignard des « alliés », bien avant ceux des adversaires.

L’Algérie, par un langage sobre mais ferme, a récemment levé le voile sur une affaire que Paris aurait préféré enfouir : une tentative de faire entrer sur son sol des individus munis de passeports diplomatiques, dans des buts étrangers aux missions officielles, relevant plutôt – semble-t-il – d’opérations de renseignement liées à une mémoire coloniale française encore vive. Cette manœuvre ravive d’anciennes interrogations sur la propension à l’infiltration dissimulée sous le masque diplomatique.

Par : Amina Smatti

 

Diplomates ou agents infiltrés ?

Selon des fuites émanant de cercles décisionnels, la France aurait tenté d’intégrer deux individus dans sa mission diplomatique en Algérie, sans respecter les procédures habituelles d’agrément et en bafouant le principe de réciprocité. Ceci, alors même qu’elle tarde à accréditer plusieurs consuls algériens sur son territoire, malgré des dossiers complets en attente.

Ce qui a renforcé les soupçons, ce n’est pas seulement la manière d’agir, mais surtout les « fonctions » attribuées à ces individus, fonctions qui ne relèvent en rien des attributions prévues par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961. La réaction algérienne fut immédiate et tranchante : convocation du chargé d’affaires français, expulsion des deux agents concernés, et envoi d’un message ferme – l’Algérie ne tolérera jamais que sa souveraineté serve de terrain à des jeux d’espionnage d’un autre âge.

Vienne parle arabe : la souveraineté n’est pas négociable

La Convention de Vienne, texte fondamental encadrant les relations diplomatiques, est explicite quant aux conditions d’accréditation et aux droits de l’État hôte. L’article 9 confère à l’Algérie, en tant qu’État récipiendaire, le droit absolu de refuser ou d’expulser tout diplomate « sans obligation d’en justifier ». C’est une expression pleine et entière de souveraineté.

L’article 41 impose également aux membres des missions le strict respect des lois de l’État hôte et leur interdit toute forme d’ingérence dans ses affaires internes, directe ou indirecte. Or, selon des sources informées, la France aurait tenté de contourner ces règles en dépêchant des éléments aux fonctions opaques – une pratique qui rappelle les méthodes de la guerre froide, où l’« espion-diplomate » faisait partie intégrante du théâtre politique mondial.

Un contexte historique indissociable : le colonialisme déguisé en partenariat

Il serait naïf de considérer cet épisode comme isolé dans l’histoire tumultueuse des relations algéro-françaises. Depuis l’indépendance, ces rapports ont souvent été ponctués de tensions, tantôt culturelles, tantôt économiques, mais fréquemment liées aux appareils d’État.

En 1971, l’Algérie avait déjà expulsé plusieurs membres du consulat français à Oran, après avoir prouvé leur implication dans des activités d’espionnage sous couvert diplomatique. Plus d’un demi-siècle plus tard, il semble que Paris reste prisonnière d’une mentalité ancienne, confondant représentation diplomatique et surveillance active d’un pays qui refuse désormais tout rôle subalterne dans une Europe post-coloniale.

Le double jeu de Paris : lenteur d’un côté, précipitation de l’autre

D’un côté, la France retarde sciemment l’agrément de diplomates algériens, malgré la régularité de leurs dossiers. De l’autre, elle tente de faire passer ses propres agents par des voies détournées, défiant ainsi les normes internationales. Ce double jeu traduit moins une négligence administrative qu’un résidu de réflexe colonialiste, nourri par une perception de supériorité qui n’a plus lieu d’être, soixante ans après l’indépendance.

L’Algérie nouvelle : pas de courtoisie quand la souveraineté est en jeu

Depuis 2019, le ton de l’Algérie a changé – tant sur le plan interne qu’international. L’État, autrefois adepte de la patience stratégique, adopte désormais une posture plus directe, surtout face à Paris. La dernière décision n’est donc pas un simple accès de fermeté, mais l’expression d’une doctrine diplomatique renouvelée : des relations fondées sur l’égalité, et non sur le souvenir colonial ou le chantage culturel.

L’Algérie n’exige pas le respect, elle l’impose.

Contexte régional tendu : pourquoi maintenant ? pourquoi avec une telle vigueur ?

Ce développement ne peut être dissocié du climat régional tendu. La France, ayant perdu son influence au Mali et voyant son emprise diminuer en Afrique, cherche à se repositionner par tous les moyens – y compris par des aventures de renseignement en Afrique du Nord.

L’Algérie, quant à elle, affirme sa stature diplomatique : rôle actif au Sahel, engagement en faveur de la Palestine, médiations en Libye et au Niger. Autant d’éléments qui en font une cible potentielle pour les tentatives d’ingérence douce.

Mais Paris semble oublier que l’Algérie n’est plus un laboratoire politique. Elle est aujourd’hui un acteur régional à part entière, doté de ses propres calculs et de sa stratégie souveraine.

De Paris au monde : la diplomatie n’est pas un masque pour le désordre

À travers cet épisode, l’Algérie adresse un double message : à Paris, que l’ère des passes-droits diplomatiques est révolue ; à la communauté internationale, que la souveraineté n’est pas une variable de négociation, mais une ligne rouge inviolable.

À la question de savoir si de tels incidents pourraient se reproduire, la réponse algérienne est claire : peut-être certains tenteront-ils encore, mais la réaction sera toujours à la hauteur – voire anticipée.

L’Algérie redéfinit les règles du jeu international

Fini le temps des « réponses molles » ou du « silence diplomatique » interprété comme une faiblesse. L’Algérie mène aujourd’hui ses combats dans le cadre du droit international, mais selon ses propres modalités : elle ne recherche pas le conflit, mais elle ne l’esquivera pas si l’essence de sa souveraineté est en cause.

Elle redéfinit ainsi la notion de « relations diplomatiques » en Afrique et en Méditerranée : un partenariat sans sujétion, un respect sans domination, un droit sans manœuvre.

Dans cet espace réinventé, l’Algérie enseigne au monde que la souveraineté ne se quémande pas, ne s’emprunte pas – elle se protège, et se défend, par la plume du diplomate si nécessaire, mais par la fermeté de l’État, à chaque fois que l’honneur national l’exige.

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