Le feuilleton de la raffinerie Samir, à l’arrêt depuis 2015, est devenu l’un des plus grands scandales économiques du Maroc. Alors que le pays dépend à 100 % des importations pour sa consommation en hydrocarbures, l’absence de volonté politique pour relancer l’activité de Samir a précipité une crise énergétique dont profitent directement les grands lobbies du secteur.
Les syndicats de la raffinerie accusent l’État d’avoir privilégié les intérêts des importateurs et distributeurs privés de carburants, au détriment de la souveraineté énergétique nationale. Selon eux, le blocage est volontaire et sert une poignée d’acteurs influents qui contrôlent le marché.
Parmi ces acteurs, le nom du chef du gouvernement actuel, Aziz Akhannouch, revient avec insistance. Propriétaire de la société Afriquia, leader dans la distribution des carburants, Akhannouch est accusé de conflit d’intérêts flagrant : en tant que décideur politique, il est censé défendre l’intérêt national, mais en tant qu’homme d’affaires, il profite directement de la fermeture de Samir et de la libéralisation des prix.
Les révélations d’ONG et de rapports parlementaires ont montré que la libéralisation du marché des carburants en 2015 – survenue après l’arrêt de la raffinerie – a permis aux distributeurs de réaliser des bénéfices colossaux, estimés à plusieurs milliards de dirhams, aux dépens des consommateurs.
Les syndicats et associations dénoncent un « sabotage organisé » qui a ruiné une industrie stratégique et placé le Maroc dans une dépendance totale vis-à-vis des importations. Ils réclament la relance immédiate de Samir, non seulement pour protéger les milliers d’emplois perdus, mais aussi pour redonner au pays un minimum de souveraineté énergétique.
Pour de nombreux observateurs, l’affaire Samir illustre la capture de l’État par des intérêts privés puissants. Elle révèle aussi le coût social et économique d’un système où les décisions stratégiques sont prises pour enrichir une élite restreinte, au détriment des besoins du peuple marocain.