Alors que la grogne sociale ne cesse de s’amplifier et que les mouvements de protestation gagnent en intensité, l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), proche du Parti de la justice et du développement (PJD), met en garde contre les dangers d’un entêtement gouvernemental à ignorer les revendications sociales croissantes. Le syndicat appelle les autorités à respecter le droit à la manifestation pacifique et à renoncer à une approche sécuritaire devenue, selon lui, contre-productive.
Dans un communiqué rendu public, l’UNTM a réaffirmé la légitimité des revendications portées par la jeunesse marocaine, dans un contexte marqué par la dégradation continue des services publics, notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de l’emploi. Le syndicat estime que la gestion sécuritaire des tensions sociales ne fait qu’exacerber le malaise et menace la stabilité sociale du pays.
Le diagnostic dressé par la centrale syndicale est sans appel : la situation économique et sociale du Maroc se détériore. La hausse des prix, l’érosion du pouvoir d’achat, la stagnation des salaires et l’élargissement des poches de pauvreté et de précarité dessinent un tableau alarmant. Selon l’UNTM, ces déséquilibres alimentent un sentiment croissant d’injustice et de marginalisation, en particulier parmi les jeunes générations qui ne se reconnaissent plus dans les discours officiels sur le développement et la modernisation.
L’organisation syndicale dénonce également la lenteur du gouvernement dans l’application des accords issus du dialogue social, et l’absence de mesures concrètes pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens. Elle plaide pour une réforme en profondeur de la politique fiscale, afin d’instaurer une véritable justice distributive, et pour un encouragement ciblé de l’investissement productif générateur d’emplois décents. L’UNTM appelle également à la lutte contre les formes persistantes de rente, de corruption économique et de conflits d’intérêts qui minent la confiance du public dans les institutions.
Le syndicat invite l’ensemble des forces vives du pays — syndicats, associations, et partis politiques — à unir leurs efforts pour contrer ce qu’il qualifie de “tendance hégémonique et autoritaire” du gouvernement, et à défendre les droits économiques et syndicaux des travailleurs, en particulier les catégories les plus fragiles.
Ce positionnement s’inscrit dans un contexte où la contestation menée par le mouvement GenZ 212 ravive le débat social et politique au Maroc. Les jeunes manifestants, qui réclament une éducation de qualité, un système de santé digne et une lutte réelle contre la corruption, rejoignent ainsi le diagnostic des syndicats sur la perte de confiance dans le modèle économique actuel.
Dans sa conclusion, l’UNTM affirme que la clé de toute stabilité durable réside dans la justice sociale, la dignité et le travail décent. Pour le syndicat, un Maroc fondé sur l’équité et la citoyenneté est le seul capable de restaurer la confiance et d’éviter une explosion sociale dont les signes avant-coureurs sont déjà visibles.
Face à cette alerte syndicale, le gouvernement persiste dans un mutisme presque total, se réfugiant derrière des déclarations générales sur “la stabilité” et “la réforme”. Pendant ce temps, les citoyens affrontent au quotidien la cherté de la vie, la précarité et la perte d’espoir. Une situation qui rappelle, de manière inquiétante, les prémices des mouvements de contestation du Rif, lorsque le silence des institutions avait précédé l’éclatement de la rue.
Reste à savoir si l’État marocain choisira cette fois le dialogue plutôt que la confrontation, avant que la frustration sociale ne se transforme en crise ouverte.